

La pompe funèbre du Régent1
Véridique Moyencourt,
Habitant involontaire
De ce grotesque séjour
Où tout se voit à faux jour,
Mais que le badaud révère
Sous le beau nom de la cour,
Encor huit jours, et j’espère
Te voir ici de retour.
A la cour que voit un sage ?
Rien que fantômes marcher,
Se dresser et se pencher
Plus vite que le nuage
Qui se dissipe au toucher.
Tous, caustiques que nous sommes,
La ville a pour nous des hommes
Quand nous les voulons chercher.
N’ayant à faire autre chose
Hier, je vis, Dieu merci !
Le spectacle qu’à nuit close
Saint-Cloud renvoyait ici2.
Spectacle fort bien servi,
Bien éclairé, bien suivi ;
Grand tintamarre de cloches,
Maints bourgeois dans les ruisseaux,
Maints filous guettant les poches,
Maints pages de leurs flambeaux
Frisant crins, brûlant chapeaux ;
Le guet avec grand’prudence,
Disant aux bavards : Silence !
Les officiers du défunt
En crêpe et manteaux d’emprunt,
Son corps suivi comme l’Arche
De lévites gras et frais :
Cent pauvres allaient après.
Mais si tous ceux qu’il a faits
Étaient entrés dans la marche,
Huit jours n’auraient pas, je crois,
Suffi pour voir le convoi.
Numéro $0552
Année 1723
Auteur Roy
Description
38 vers
Références
Raunié, IV,270-71 - Clairambault, F.Fr.12699, p.73-74 -Maurepas, F.Fr.12631, p.111-12 - Arsenal 2962, p.200-02 - Arsenal 3231, p.651-52
Mots Clefs Régent, mort, enterrement