

Tocsin
Méprisables sujets, populace imbécile !
Que te faut-il encor pour échauffer ta bile ?
Ta femme, tes enfants, tes amis accablés,
Ta honte, tes malheurs ne sont-ils pas comblés ?
Ton sort à chaque instant devient plus misérable.
Stupide, qu’attends-tu d’un ministre exécrable ?
Ce monstre affreux qui vit, et qui vit à tes yeux,
Cet étranger, nourri du sang de tes aïeux,
Cet insecte acharné qui t’arrache la vie,
Ne peut de l’écraser te faire naître envie !
Tu le souffre en son char, avec son air altier,
Ce scélérat chassé de l’univers entier.
Maudite nation, faible troupeau de dindes,
Regarde les beaux fruits des actions des Indes :
On se tue à la Banque1, on égorge ton roi,
C’est son sang et le tien qu’on répand sans effroi.
Le Régent, son vautour et la Banque fermée,
La Ville2 rétablie et toujours supprimée,
Tes trésors enlevés, ton état confondu,
Tes billets périssants, pour toi tout est perdu.
Tu le sens, tu le dis, tu te plains, tu soupire.
Est-ce fidélité, n’est-ce pas un délire ?
Lâche, aveugle Français, trop soumis citoyen,
C’est pour ma seule gloire et non pas pour ton bien,
Que j’aspire au succès d’une triste victoire
Péris si tu le veux, j’établis ma mémoire
J’ai perdu mon repos, mon or et mon argent,
Je tuerai, oui, j’en jure, et Law et le Régent3.
Numéro $0389
Année 1720
Description
28 vers
Références
Raunié, III,205-06 - Clairambault, F.Fr.12697, p.427-28 - F.Fr.9352, f°85 - BHVP, MS 670, f°48v-49r
Mots Clefs Régent, Law, Philippique