Les étrennes du Nouveau Mercure galant
Les étrennes du Nouveau Mercure galant
Je vous donne à ce nouvel an
Mon almanach pour vos étrennes.
Il vaut bien celui de Milan1
.
Il prédit la fin de nos peines.
Ah ! qu’il est sûr ! ah ! qu’il est beau !
Mon almanach nouveau !
Grâces à Monsieur le Régent,
Dans cet an mille sept cent seize
On ne verra plus d’indigent ;
Chacun sera fort à son aise.
Janvier, avec ses deux bonnets2
,
Dénote très rude froidure ;
Mais le Régent, par ses bienfaits,
Réchauffe toute la nature.
On verra les billets royaux
Triompher de l’infâme usure.
Adieu, beaux trains ! adieu, cadeaux !
L’agio fait triste figure.
Mars, qui ramène le printemps
Si chéri de toute la terre,
Pour mettre fin à nos tourments,
A l’usure fera la guerre.
L’agréable saison d’été
En tous lieux se trouvera belle ;
Partout régnera l’équité,
La bonne foi et le vrai zèle.
L’automne, avec juste raison,
Mérite notre confiance,
Puisque nous aurons à foison
Du pain, du vin, fruit et finance.
Que feront les agioteurs
Dans ces heureux temps d’abondance ?
On verra tous ces gros seigneurs
Par ce retour en décadence.
Ah ! qu’il est sûr ! ah ! qu’il est beau !
Mon almanach nouveau !
Raunié, II,1-3