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Les trois Etats de France

       Balade des trois états de France

D’où venez-vous ? D’où ? voire de la cour1 .
Et qu’y fait-on ? Rien qui vaille. Comment ?
À bien parler, qui est le bruit qui court ?
Mauvais. Oui da ? Oui, certainement.
Aurons-nous pis ? Oui, prochainement.
Comment cela ? On en voit l’apparence.
Qui portera le fait entièrement ?
Qui ? Voire qui ? Les trois états de France.

D’où vient ceci ? De quoi ce mal qui sourd ?
D’où ? Voire donc ! Dites-nous hardiment
Rien de cela, qui tient l’argent si court ?
Dirai-je tout ? Deux hommes seulement.
Et qui sont-ils ? Je n’en parle autrement.
En ont-ils eux ? Ils en ont à puissance.
Qui leur en baille si très abondamment ?
Qui ? Voire qui ? Les trois états de France.

Qu’en dit Paris ? Il est muet et sourd.
N’ose t-il parler ? Nennen ne parlement.
Et le clergé ? On les tient bien de court.
Par votre foi ? Oui, par mon serment.
Noblesse ? Quoi ? La moitié pirement.
Et de justice ? Elle n’a poids ni balance.
Qui peut pourvoir à ceci bonnement ?
Qui ? Voire qui ? Les trois états de France.

Princes, veuillez donner allègement.
À qui ? Aux bons vivants en espérance.
De quoi ? De droit qu’a un gouvernement.
Qui ? Voire qui ? Les trois états de France.

  • 1Philippe de Vitry évêque de Meaux, qui vivait quarante ans avant Villon. Il y a deux cent cinquante ans à peu près du temps de Louis XI ou de Charles VII. Il en est parlé dans La Croix du Maine il y a cent cinquante ans (M.).

Numéro
$3457


Année
1720




Références

Clairambault, F.Fr. 12697, p.431-32 - BHVP, MS 670, f°124v-125r