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La Promotion des cordons bleus

La promotion des cordons bleus1
Célébrons tous pompeusement
Le très inepte entendement
D’un pédant que mort oublia.
Alleluia !

Il fait dire à Sa Majesté :
L’Esprit-Saint s’est manifesté
A neuf apôtres qu'il dicta.

Dans le nombre cinq a choisi
D’âge à peu près égal à lui,
Que bientôt on enterrera.

Ensuite trois ambassadeurs
Fort minces négociateurs,
Puis un neuvième appareilla.

D’abord paraît le maréchal
Puységur2 , ce vieux caporal,
Plaisant novice que voilà.

Danarcy, Savine et Guerchy3
Semblent se présenter ici
A qui le mieux clopinera.

La Luzerne4 , le grand marin,
Sur son vaisseau dès le matin
Triste figure arborera.

Cambis5 , le bon Provençal,
Cherchera son armorial,
Musicalement chantera.

L’esprit bridé comme un oison,
Le politique Fénelon6
Ses grands projets multipliera.

Avec enflure de jabots,
Mirepoix7 guindé sur ses ergots
Le saint Pigeon étalera.

D’Auxy8 , ne faut pas s’étonner
Si parenté le fait briller ;
Fort peu de temps il fleurira.
Alleluia !

 

Amateur de la vérité9

L'auteur avec sincérité

sur même ton chansonnera

Alleluia

 

  • 1« Au commencement de ce mois de février, il y a eu une promotion de neuf cordons bleus dont le choix n’a pas plu aux jeunes gens seigneurs de la cour qui s’attendaient par leur naissance plus que par leur mérite à cette marque de distinction. Ils ont soulagé leur bile par quelques couplets de chansons. » (Journ. de Barbier.) (R)
  • 2Jacques François de Chastenet, marquis de Puységur, maréchal de France, auteur de l’Art de la guerre. (R)
  • 3Trois anciens lieutenants généraux, bons officiers. (M.) (R)
  • 4Bon et vieux officier de marine. (M.) (R)
  • 5Le marquis de Cambis‑Velleron, ambassadeur de France en Angleterre. (R)
  • 6Gabriel Jacques de Salignac, marquis de La Mothe-Fénelon, général et diplomate, neveu de l’archevêque de Cambrai, ambassadeur de France en Hollande depuis 1733. (R)
  • 7Le marquis de Levis‑Mirepoix, ambassadeur à Vienne. (R)
  • 8Jacques d’Auxy de Monceaux, marquis d’Auxy, ancien colonel du régiment le Royal‑Conti. « C’est un bon gentilhomme de campagne qui n’a jamais servi, ou peu dans sa jeunesse et n’a jamais fait sa cour, vivant bourgeoisement, depuis le mariage de sa fille, au fond du Marais. Sa femme plus bourgeoise que Mme Jourdain, mais acariâtre. Elie a prétendu être faite duchesse et son mari duc à brevet. Il y avait brouillerie ouverte dans la famille et pour tout arranger, on a donné l’ordre du Saint‑Esprit à d’Auxy. » (Mémoires du marquis d’Argenson.) (R)
  • 9Ce couplet ne figure que dans Castries.

Numéro
$0891


Année
1738 (Castries) / 1739




Références

Raunié, VI,242-44 - Mazarine Castries 3987, p.163-65 - Barbier, III, 161-62