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sans titre

J’ai fait un beau système

Pour établir la paix

Et pour la rendre même

Permanente à jamais1 .

Je vais de mon projet vous dire le sommaire.

Hélas ! le croira-t-on

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Aucun n’en a fait cas

La la

Si ce n’est Saint-Aulaire.

 

D’Europe et d’Amérique

Les potentats divers,

Ceux d’Asie et d’Afrique,

Bref de tout l’univers

S’étant unis entr’eux choisiront une ville,

Les États s’y tiendront.

Don don

De la paix ce sera

La la

L’inviolable asile.

 

Et si quelque puissance

Excite des débats

On portera l’instance

A ces nouveaux États

Par eux seront jugés tous les rois de la terre.

C’est l’unique façon

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De bannir d’ici-bas

La la

Le fléau de la guerre.

 

On trouvera peut-être

Un prince assez brutal

Pour ne pas reconnaître

L’auguste tribunal.

Il faudra pour calmer aussitôt les alarmes

Attaquer ce brouillon,

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Qu’enfin on soumettra

La la

Par la force des armes.

 

Pour rendre plus traitable

Chaque prince allié

Une armée innombrable

Sera toujours sur pied,

Entretenue aux frais de la puissante ligue.

Cette précaution

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Sans doute préviendra

La la

Complot, cabale, intrigue.

 

Il faut de tous les princes

Régler le contingent

Sur ce que leurs provinces

Leur fournissent d’argent.

J’en ai fait le calcul et sur cela j’opine

Qu’à douze millions

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La taxe montera

La la

Pour le roi de la Chine.

 

Tafila, Groelande,

Bornie et Sumatra,

Madagascar, Islande,

Oronoque et Java,

Selon leurs facultés, comme c’est l’ordinaire,

Leur part contribueront.

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J’ai pesé tout cela

La la

Au poids du sanctuaire.

 

Il est de la prudence

Pour maintenir la paix

De régler la séance

Des membres du congrès.

Chacun voudrait le pas, mais pour moi je l’assigne

Avec juste raison

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A qui demeurera

La la

Le plus près de la ligne.

 

Toute l’armée ensemble

Campera près d’Utreck,

Car c’est là, ce me semble,

Un endroit non suspect

Si quelque souverain manquait à sa parole

A Maroc, au Japon,

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Au Tibre, à Barea,

La la

Soudain l’armée y vole.

 

En habit de parade

Melchior et Gaspar

Avec leur camarade

Le bon roi Balthazar

Se rendent dans ces lieux ; je vais en diligence

Sous les yeux du poupon

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Leur faire signe là

La la

Notre grande alliance.

 
  • 1Sur le livre qu’a fait M. l’abbé de Saint-Pierre intitulé Projet de paix perpétuelle en trois volumes, le premier donné en 1713 et les deux autres en 1716, où il prétend prouver que tous les princes peuvent se dispenser de se faire la guerre en établisssant un congrès où ils enverraient des députés pour discuter leurs intérêts ; que ces députés jugeraient des contestations et qu’il y aurait une armée proche de la ville, toute prête à obligerr s’il se trouvait quelque opiniâtre qui ne voulût pas se soumettre aux décisions de l’assemblée. (Castries)

Numéro
$5699


Année
1738 (Castries)




Références

Mazarine Castries 3987, p.107-09