sans titre
Touchez tambours, sonnez trompettes,
Braves Français, aux armements !
Le Roi le veut, et qu’on s’apprête !
Il faut faire un embarquement.
Avec joie les drapeaux volants
Au plus alerte,
Il faut voguer au gré du vent
En conquérant.
De longtemps le grand dieu Neptune
N’aura vu si brillante armée ;
Bellone, Mars et la Fortune
Se déclarent pour les Français.
Ils conduiront, ces braves guerriers,
En grand volume,
Cueillir des palmes et des lauriers
Chez les Anglais.
Trente-six vaisseaux, douze frégates,
Quatre galères et huit brûlots,
Vont partir pour donner attaque,
Suivis de cinq cent plats vaisseaux.
Ah ! que les Anglais auront chaud
Si on débarque !
On leur fera faire des sauts
Les pieds en haut.
Toute notre armée maritime
Aura bonne provision
De biscuits, de viande et farine,
De vin, d’eau-de-vie à foison,
Et par-dessus tout de canons.
Quelle discipline !
L’Anglais dansera de son long
Sans violon.
Le grand Conti, le grand Soubise,
Et Chaumont, ces bons généraux,
Vont s’embarquer sans nulle feintise,
Pour commander l’armée sur l’eau.
George aura la fièvre au cerveau,
Ah ! quelle surprise !
Il craint pour les villes et châteaux
De tristes assauts.
Gardes suisses, gardes françaises,
Normandie, Lyonnais, Bourbonnais,
La brave brigade irlandaise
Et la marine sont tous prêts.
Soixante-quatre bataillons,
Le cœur bien aise,
Par ordre du grand roi Bourbon
S’embarqueront.
Cavaliers, dragons, mousquetaires,
Gendarmes et chevau-légers,
Vont paraître dessus la mer
En bons et généreux guerriers ;
Et notre foudroyante armée,
Comme sur terre,
Ne fera pas aucun quartier
Aux alliés.
Que dira le roi d’Angleterre,
Que dira son fils Cumberland,
Quand ils verront tant de corsaires
Et tant d’illustres combattants ?
Leurs tambours battront aux champs
Car dans la guerre
Ils avancent ordinairement
En reculant.
L’Anglais d’une humeur frénétique
Voit son peuple tout consterné :
Pont d’ouvriers, point de boutique ;
La misère est de tout côté.
Soir et matin on voit pleurer
Les catholiques,
Attendant l’heureuse arrivée
De nos Français.
Partez, Français, en assurance,
Dieu vous prend sous sa protection.
Combattez pour le roi de France
Et pour notre religion.
Enfin pour Dieu et pour le Roi,
Avec confiance,
Chez l’ennemi de notre foi,
Plantez la croix.
F.Fr.10291 (Barbier), f°224v