sans titre
Aux demi-dieux que Flore enchante,
J’ai dit : Venez.
C’est une énigme que je chante.
Or devinez.
Mais craignez que d’un trait de flamme
Certain enfant
N’en imprime au fond de votre âme
Le mot charmant.
Quel portrait ce mot renouvelle
Dans votre esprit.
.A mesure qu’il est fidèle
Il s’embellit.
Lorsqu’il enchante on ne peut craindre
Qu’il soit flatté.
A peine l’art va jusqu’à peindre
La vérité.
Ce mot peint une enchanteresse,
Vous la verrez.
Votre cœur sera dans l’ivresse.
Or nous direz
Tous les secrets qu’en Thessalie
On peut former
N’égalait pas ceux d’Austrasie
Pour faire aimer.
Le charme qu’en elle elle ignore,
En est plus fort.
Qui la connaît bientôt l’adore,
Voilà son sort.
Par son pouvoir la fuite est vaine
Et malgré nous
Du bout du monde il nous ramène
A ses genoux.
Celui qui, bravant l’esclavage,
A pu la voir
Contre un autre écueil fait naufrage
Sans le prévoir.
Au doux charme qui nous attire
En l’écoutant,
On croit seulement qu’on admire :
On est amant.
Cessez, on ne peut s’y méprendre,
M’ont-ils dit tous.
L’énigme est aisée à comprendre,
Écoutez-nous.
C’est à Paphos que par fortune
Amour voulut
Unir les trois grâces en une :
Lixin parut1 .
- 1* Mlle de Beauvau est née en Lorraine ; elle est mariée à M. le prince de Lixin, de la maison de Lorraine. M. Le prince de Lixin a été tué en un combat particulier par M. le duc de Richelieu (M.).
Mazarine Castries 3987, p.104-06