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Marquis de Mirepoix

Pauvre Lixin, à l’exemple de Chaulnes1 .

Vous renoncez à l’éclat d’un grand nom
Pour Mirepoix, mais il n’a pas cette aulne
Qui d’Hauterive avait fait le renom
Ton retonton tontaine

Quoi, ce héron à face toujours blême
D'esprit tortu, ce politique oison
Par ses discours d’une sottise extrême
Trouble vos sens, séduit votre raison ?
Ton…

Que ferez-vous d’un ministre si fade ?
Chacun se dit en chantant sur ce ton
Voilà vraiment une belle ambassade
Pour votre cul comme pour votre con !
Ton…

 

 

  • 1Trois poèmes ($2087, $2334, $2857) dispersés dans divers recueils tournent autour de la même équivoque obscène, fondée sur les profits et inconvénients de mariages successifs. Les chansonniers qui les reproduisent ont eux-mêmes bien de la peine à s’y retrouver et se trompent dans leurs explications, qui n’ont de ce fait pas été retenues. Il semble néanmoins possible de rétablir la réalité des faits. Un premier poème ($2857) se moque de l’ancienne Mlle de Villeroy, veuve successivement de M. de Tournon, puis du duc de Chaulnes et qui, en troisièmes noces, avait épousé, en 1738 semble-t-il, M. d’Hauterives du Viguier, au prix d’une relative reculée sociale, symbolisée par le fameux tabouret de duchesse sur lequel elle n’aurait plus eu droit de poser son postérieur ; inconvénient largement compensé par des satisfactions sexuelles dues aux performances du nouvel époux.… L’année suivante, en 1739, la princesse de Lixin, née Marguerite Gabrielle de Beauvau-Craon, veuve de son premier époux, le prince de Lixin, se remarie avec le duc de Mirepoix. Une épigramme veut alors identifier les deux situations ($2087) ; satire évidemment malveillante et de plus inexacte, car la famille de Mirepoix pouvait rivaliser avec toute autre très grande famille du royaume. La satire était donc infondée, puisque, princesse de Lixin ou duchesse de Mirepoix, Marguerite Gabrielle de Beauvau avait droit au tabouret de toute façon. Enfin, bien des années plus tard (en 1773 ?), au dire des Mémoires secrets, une autre duchesse de Chaulnes aurait résolu de semblable manière le même dilemme au profit d’un certain Giac ($2334). Cf La notice des Mémoires secrets : 27 octobre 1773 – On a fait, sur le mariage annoncé de M. de Giac avec Mme la duchesse de Chaulnes, l’épigramme suivante, qu’on prétend pourtant très ancienne, et insérée dans un vieux recueil à l’occasion d’un mariage aussi disproportionné d’une autre de Chaulnes. La voici, et elle n’en est pas moins bonne, quoique très grossière. Merci à Martine Rouche, spécialiste de la nouvelle duchesse de Mirepoix, qui nous a permis de dénouer cet écheveau de malveillances. - Ces textes figurent également, hors des chansonniers, dans des recueils soigneusement détaillés dans Alain Chevrier, La matière et l'esprit. La littérature scatologique au XVIIIe siècle, Garnier, 2018, p.463. Enfin, un dernier poème ($8222) prétend tirer la leçon de telles situations.

Numéro
$2087


Année
1738 (Castries)




Références

Clairambault, F.Fr.12808, p.179 - Maurepas, F.Fr.12635, p.91 - F.Fr.12675, p.336-37  - F.Fr.12655, p.262-72 -F.Fr.13662, f°158r -F.Fr.15149, p.89-90 - F.Fr.15231, f°214r - F.Fr.15137, p.355 - Arsenal 2934, p.382 -  BHVP, MS 549, f°23v-24r -BHVP, MS 658, p.257-58 - BHVP, MS 659, p.21 -  Mazarine Castries 3987, p.107-08 - Collé, I,182