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Sans titre

Enivré du brillant poste1 ,
Que j’occupe récemment,
Dans une chaise de poste,
Je me campe fièrement,
Et je vais en ambassade,
Au nom de mon souverain,
Dire que je suis malade,
Et que lui se porte bien.

Avec une joue enflée,
Je débarque tout honteux ;
La princesse boursouflée,
Au lieu d’une en avait deux :
Et son altesse sauvage,
Sans doute a trouvé mauvais,
Que j’eusse sur mon visage,
La moitié de ses attraits.

Princesse, le Roi, mon maître,
M’a pris pour ambassadeur :
Je viens vous faire connaître,
Quelle est pour vous son ardeur.
Quand vous seriez sous le chaume,
Il donnerait, m’a-t-il dit,
La moitié de son royaume,
Pour celle de votre lit.

La princesse, à son pupitre2 ,
Compose un remerciement
Et me me donne une épître,
Que j’emporte lestement.
Et je m’en vais dans la rue,
Fort satisfait d’ajouter,
À l’honneur de l’avoir vue,
Le plaisir de la quitter.

  • 1M. le chevalier de Boufflers ayant été envoyé par le Roi à Remiremont pour complimenter la princesse Christine sur sa nomination à cette abbaye, en fut reçu avec beaucoup de hauteur. Il fut piqué et composa la chanson suivante, sur l’air : Et j’y pris bien du plaisir (M.).
  • 2En outre, comme la princesse lui fit donner cinq louis en or, en forme de récompense, le chevalier y ajouta le quatrain que voici, sur l’air : Ne v’la-t-il pas que j’aime (M).

Numéro
$2576


Année
1785

Auteur
Boufflers (chevalier de)



Références

Mémoires secrets, XXIX, 69-71