La palme de l’amitié
La palme de l’amitié1
Quoi ! toujours languissant ? Reprends donc ton courage.
Les neuf Sœurs, par ma voix, veulent te ranimer.
Que deviendrait sans toi, dans la fleur de son âge,
La Muse qui me fait rimer ?
D’un père et d’un aïeul ami tendre et fidèle,
Tu les as vus passer dans l’éternel repos.
Que leur fils aujourd’hui, reconnaissant ton zèle,
T’arrache au ciseau d’Atropos.
Orphée est descendu sur les rivages sombres ;
Pour sauver Eurydice il a touché les morts.
J’irais, pour t’en tirer, dans le séjour des ombres
Imiter ses divins accords.
La grandeur et les biens sont couverts d’un faux lustre,
Je renonce aux appas d’un bonheur qui n’est rien,
De l’amitié je veux gagner la palme illustre,
C’est là le véritable bien.
- 1Autre titre : Billet écrit par S. A. Mgr le prince de Conti à M. de Lachapelle. (Clairambault)
Raunié, IV,147-48 - Clairambault, F.Fr.12698, p 265 - Maurepas, F.Fr.1231, p.58 - Arsenal 2937, f°298r