Le Prince de Conti
Le prince de Conti
Tu te vantes de tes bonnes fortunes:
As-tu les belles pour des prunes ?
Tortu d'esprit comme de corps,
Si tu veux nous donner croyance
Qu'avec elles tu sois d'accord,
Fais-nousles voir dans l'opulence.
Ton vieux maquereau La Chapelle1
Te mène à la gloire immortelle,
Et fait valoir tes grands talents:
Ce coquin, chassé par ton père,
Ce mentor de tes jeunes ans,
Sert de présage à ta carrière.
Poursuis: avec un tel ministre,
Tu vas acquérir de beaux titres.
Tout l'avenir t'admirera ;
De l'État tu tiendras les rênes,
Le Régent te les cèdera,
Ton dos les soutiendra sans peine.
- 1Jean de La Chapelle, littérateur français (1655‑l723), après avoir acheté une charge de receveur général des finances, devint secrétaire des commandements du prince de Conti. Tour à tour diplomate, auteur dramatique et poète, il jouit de son vivant d’une renommée qui ne lui a pas survécu. Ses Amours de Catulle et de Tibulle lui valurent une épigramme de Chaulieu où il était désigné comme celui, Qui si maussadement / Fit parler Catulle et Lesbie. Et Boileau demandait, en parlant de ses pièces de théâtre, Qui du fade Boyer ou du sec La Chapelle / Excita plus de sifflements ? C’était, d’après SaintSimon, « un très hardi et très dangereux fripon, recrépi de bel esprit, et de l’Académie française ». (R)
Raunié, III,61-62 - Clairambault, F.Fr.12697, p.1 - Maurepas, F.Fr.12629, p.200