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Les Ducs et pairs

Les ducs et pairs
Les ducs et pairs du temps passé,
Respectables par leur naissance,
Ne se sont jamais séparés
D’avec la noblesse de France1 ,
Aujourd’hui les nouveaux venus
En appellent comme d’abus.

Faites donc corps, modernes grands
Avec vos illustres duchesses,
Car vous prétendez vainement,
D’être les chefs de la noblesse.
Séparez-vous, elle y consent :
Allez briller au Parlement2 .

  • 1 Dans l’affaire des princes légitimés (1717), les ducs et pairs avaient prétendu que « c’était à eux seulement qu’était réservé le droit de prononcer sur les différends de la couronne et même sur la succession, parce qu’ils représentaient les anciens pairs au sacre des rois et qu’ils étaient les chefs de la noblesse de France ». La noblesse de France adressa alors un mémoire au roi pour réfuter les prétentions des ducs et pairs « Les soussignés de l’ordre de la noblesse, disaient‑ils, supplient très humblement Votre Majesté de réprimer, par son autorité royale, les entreprises des pairs de France qui depuis longtemps font des efforts continuels pour s’élever au‑dessus de la noblesse, former un ordre qui lui serait supérieur, et établir, s’il leur était possible, quelque sorte d’égalité avec les princes de votre sang. — Plaise à Votre Majesté de déclarer que les pairs de France ne forment point un corps, et, en conséquence, leur défendre de se créer des syndics et des commissaires ; déclarer aussi qu’ils n’ont point droit de décider seuls de la succession à la couronne et des régences, ni de régler les affaires importantes de l’État, qu’ils ne sont ni les chefs, ni les seuls juges de la noblesse, que les autres gentilshommes de votre royaume ont un droit égal à celui des pairs d’être appelés au sacre des rois pour y représenter les anciens pairs du royaume. » Mais le Régent, effrayé de ces dissensions, refusa de recevoir le mémoire, et défendit à l’avenir toute réunion de la noblesse, par arrêt du 14 mars. (R)
  • 2Cette invitation est ironique, car un grave différend (l’affaire du Bonnet) existait alors entre les ducs et pairs et le Parlement. Les ducs réclamaient le droit d’opiner sans se découvrir aux séances du Parlement, l’obligation pour les présidents de les saluer du bonnet en demandant leur avis, et la mention de leur présence dans le préambule des arrêts relatifs aux affaires publiques. Louis XIV avait laissé ces questions indécises, et les ducs en réclamaient instamment la solution, que le Régent leur avait promise. (R)

Numéro
$0195


Année
1717 (Castries)




Références

Raunié, II, 221-22 - Clairambault, F.Fr.12696, p.148 - Maurepas, F.r.12628, p.402 - F.Fr.12673, p.282 - F.Fr.13660, f°156r-158r - F.Fr.15131, p.168-69 -  Arsenal 2390, p.258 - Arsenal 3115, f°169v - Arsenal 3132, p.231 (première strophe) - Mazarine, MS 2163, p.354 - Mazarine Castries 3982, p. 69 - Lyon BM, MS1552, p.237-38 - Toulouse BM, MS 855, f°124