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La Police en quenouille

La police en quenouille
Connaissez-vous Cypière1  ?
Rions un peu du pauvre hère ;
Connaissez-vous Cypière,
Intendant d’Orléans ?

Intendant d’Orléans,
Il a bien soixante ans,
Il s’est mis dans la tête,
Vit-on jamais rien de plus bête ?
Il s’est mis dans la tête
Avec ses cheveux blancs,

Avec ses cheveux blancs
Et ses crachats gluants,
Son teint de pain d’épice
Son air d’un bâton de réglisse
Son teint de pain d’épice
16.De venir à Paris ;

De venir à Paris
Dont il brave les cris
Pour faire la police.
Déjà dans ses chausses il pisse.
Plus  rance et moins novice,
Sa femme aussi le veut2 .

Sa femme aussi le veut,
Disant que tout se peut
Et que ce n’est qu’un jeu.
Quant à son cher beau-frère3 ,
On sait lui faire faire
Des tours beaucoup plus forts.

Avec quelques efforts
On monte ses ressorts.
Sans persuader personne,
Elle dit qu’ils sont à l’aumône ;
L’occasion est bonne
Pour fuir la pauvreté.

C’est une charité
Bien juste, en vérité.
Oh ! voilà bien la dame !
Ma foi, c’est une bonne lame ;
Elle fera la gamme
A son benêt d’époux.

Nos catins, nos filous,
N’auront qu’à filer doux.
La police est en quenouille,
Déjà ce bon mot me chatouille ;
La police est en quenouille ;
Ah ! que nous sommes fous !

  • 1M. de Cypière, intendant d’Orléans, avait été compris par M. de Breteuil dans le nombre des personnes désignées au Roi pour la succession de M. Le Noir. (R)
  • 2« Sa femme veut le fixer à Paris malgré lui. » (Correspondance de Métra.) (R)
  • 3M. de Breteuil. (M.) (R)

Numéro
$1571


Année
1785




Références

Raunié, X,199-201