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Sans titre

Je cueille mes tendres fleurettes
Sans aller au sacré vallon,
Le dieu d’Amour a ses poètes
Qui valent bien ceux d’Apollon.

Je chante tout ce qu’il m’inspire
Et lui-même accorde mon chant,
Les plus tendres sons de ma lyre.
Mon plus grand maître est mon penchant

Des vers façonnés au Parnasse
Souvent la plus grande beauté
Conserve d’autant moins de grâce
Qu’on sent tout ce qu’elle a coûté.

Rarement la libre nature
S’accorde aux contraintes de l’art
Et jamais elle n’est si pure
Qu’où le travail a moins de part.

Moi qui lui veut être fidèle
Je fuis un soin trop concerté
Et mes vers aussi libres qu’elle
N’ont de prix que leur liberté.

Je trouve dans cette maxime
Tous les préceptes réunis
Tout ce que je sens je l’exprime
Ne sens-je plus rien, je finis.

 

Numéro
$1717


Année
1722




Références

Lyon BM, MS 1552, p.451-53 - Arsenal 3116, f°1v-2r