Sans titre
Cher Tressan, qui peignez si bien,
Voudriez-vous me peindre un rien,
Mais un rien indéfinissable
Dont l’espèce nous surprend tous,
Sans forme constante et durable.
A ces traits le connaissez-vous ?
Ce rien quelquefois séduisant
Tourne, change comme le vent,
Ce n’est qu’un confus assemblage
Des contraires qui sont en vous,
Froids rossignols dont le ramage
N’a jamais alarmé d’époux.
Enfin ce rien est indiscret,
Complaisant, bizarre, distrait,
Amusant, ennuyeux, aimable,
Aimé des sages et des fous,
Jouant assez bien le capable.
Tressan, ne serait-ce point vous ?
F.Fr.12675, p.367-68 - F.Fr.15137, p.385-86 - Arsenal 2934, p.415-16 - BHVP, MS 658, p.272