Sans titre
Dans les vers de mon premier âge
Je chantai l’enfant de Cypris,
Ce dieu sensible à mon hommage
Vint un jour m’en offrir le prix.
Content d’un tribut volontaire
Je viens pour t’en récompenser
Choisis donc d’aimer ou de plaire,
Dit-il, et je vais t’exaucer.
Fais plus, rends mon bonheur extrême
Dis-je à ce dieu reconnaissant,
Que par toi je plaise et que j’aime.
Soit, dit-il, en disparaissant.
L’amour a tenu sa promesse.
Depuis ce jour, j’aime et je plais.
Cependant je souffre sans cesse,
Amour, ce sont là de vos traits.
Les beautés qui touchent mon âme
Sont insensibles à mes feux,
Celles que sans dessein j’enflamme
Ne me rendent point amoureux.
Des cruelles et des importunes
Je suis toujours persécuté,
Ingrat malgré moi pour les unes,
Et par les autres maltraité.
Dieux, ainsi vos bienfaits frivoles
Nous coûtent de nouveaux soupirs
Vous n’exaucez que nos paroles
Au lieu d’exaucer nos désirs.
Lyon BM, MS 1552, p. 449-51 - Arsenal 3116, f°1r-1v