Sur le Parlement
Sur le Parlement1
Tandis qu’au temple de Thémis
On opinait sans rien conclure,
Un chat vient sur les fleurs de lis
Étaler aussi sa fourrure.
Oh ! oh ! dit un des magistrats,
Ce chat prend-il la compagnie
Pour conseil tenu par les rats ? —
Non, reprit son voisin tout bas,
C’est qu’il a flairé la bouillie
Que l’on fait ici pour les chats2
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- 1Autre titre: Epigramme sur l’assemblée du parlement de Paris 11 mars 1768 - « Un chat s’étant introduit dernièrement au Parlement, dans l’assemblée des chambres, cet animal a attiré l’attention de ces messieurs, M. de Saint‑Fargeau, président à mortier, grand ami de cette engeance, a pris ce chat, et l’a caché sous sa robe, croyant arrêter par là le désordre et le scandale ; mais cet animal a miaulé, égratigné, fait le diable ; et il a fallu le mettre à la porte. Un plaisant de l’assemblée, M. Héron, conseiller, a dit là‑dessus le bon mot, matière de l’épigramme » (Mémoires secrets.)
- 2Un autre chansonnier propose une version quelque peu différente : « Il s’agissait ce jour-là de rendre un arrêt de défense contre la régie de Tenier, et il paraissait qu’on devait s’y attendre après la démarche vive d’assembler les chambes contre l’usage commun à 3 heures après-midi. Cependant, après une délibération de 4 heures, on n’a rien fini et le parti à prendre a été renvoyé à un autre jour. Pendant la séance le chat du buvetier de la grand’chambre ne cessa de se promener dans le parquet, non sans causer quelque distraction à l’auguste compagnie. Un plaisant prétendit qu’on aurait tort de le chasser puisqu’il venait chercher la bouillie. Ce mot a couru et M.** l’a mis en épigramme comme on vient de le lire. » (Arsenal 3128)
Raunié, VIII,138-39 - F.Fr.13651, p.373 - F.Fr.15021, f°66r - F.Fr.15034, p.351 - F.Fr.15141, p.181