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Sans titre

Sotte victime1 des noirceurs
De vous et de vos prédécesseurs,
Par leurs promesses et les vôtres
Depuis trente ans amadoué,
Vous ne m’avez  que trop joué ;
Adieu, Messieurs, jouez-en d’autres.

  • 14 janvier b. Ce sont tous les jours de nouvelles doléances des auteurs contre les comédiens français, plus insolents que jamais depuis qu’ils ont eu le dessus, depuis que le bureau de législation dramatique est dispersé, et qu’ils ont vu le chef à leurs genoux se soumettre au dernier règlement de l’arrêt du Conseil du 9 décembre 1780, et mendier leurs suffrages. C’est maintenant M. de La Place, qui, dans une nouvelle édition de sa Venise sauvée, se plaint que cette tragédie, représentée à Paris en 1746, après les tracasseries les plus notoires, et cependant avec le plus grand succès ; constamment jouée jusqu’à ce jour sur tous les théâtres de province et sur ceux de l’Europe où nos comédiens sont accueillis ; redemandée nombre de fois à Paris, toujours promise, jamais apprise, quoique les rôles en eussent été distribués et acceptés deux fois par les acteurs pendant un intervalle de 35 ans, soit restée sur le répertoire inutilement. – À cette pièce l’auteur a joint Jeanne Gray, qui parut en 1748 sous le titre de Jeanne d’Angleterre, et ne réussit pas. Il apprend au public qu’elle a été refondue, lue et agréée de nouveau à la comédie le premier mars 1777 ; mais qu’après quatre ans d’attente, ayant écrit aux comédiens, le 5 mars 1781, une lettre restée sans réponse, il prend également le parti de renoncer à la voir jouer. – Il promet de faire imprimer incessamment une troisième tragédie de sa façon, Adèle de Ponthieu, et d’expliquer alors plus au long et plus clairement son grief contre les histrions, de dévoiler les causes de sa disgrâce auprès d’eux. En attendant, il leur fait, par un post-scriptum, l’adieu poétique suivant, qu’il met dans la bouche d’un Anglais (M.).

Numéro
$2488


Année
1782

Auteur
La Place



Références

Mémoires secrets, XX, 11