Couronnement d'un roi, essai allégorique1
Le premier Magistrat, au Peuple.
Oublions jusqu’à la trace
D’un malheur peu fait pour nous,
Éprouvés par la disgrâce,
Notre sort en est plus doux.

Le Peuple.
Oublions jusqu’à la trace etc.

Un Huisser, en robe.
Louis, par sa bienfaisance,
Nous offre un second Henri,
Et dans son Conseil, la France
Retrouve plus d’un Sulli.
Sous lui règne la justice ;
Le Sénat nous est rendu.
De rt le Roi, que le vice
Fasse place à la vertu.

Le Peuple.
Oublions, etc.

Un Berger.
De notre Roi, ma Bergère,
Sait-tu ce qu’o n dit ici ?

La Bergère.
Dans lui nous avons un père,
J’ai pensé dire, un ami !

Ensemble.
Nous reverrons au village
Les jeux, les ris, les amours.

Lise
C’est après l’orage

Colin
Qu’on sent le prix des beaux jours.

Le Peuple.
Oublions, etc.

Un Breton.
Chalotais, par sa présence,
Va finir tous nos malheurs :
Il paraît, et l’innocence
N’a plus de persécuteur.
Pour les amis de la gloire
Est-il un instant plus doux ?
Quel heureux jour ! sa victoire
Est un triomphe pour tous.

Le second Magistrat.
Oublions jusqu’à la trace, etc.

Le Peuple.
Oublions, etc.

Un autre Breton.
Que Penthièvre et la Princesse
Jouissent de leurs succès :
Citoyens, notre allégresse
Est le fruit de leurs bienfaits.
Mais, top heureux que nous sommes,
Nous comblons aussi leurs vœux !
Amis, le bonheur des hommes,
Doit faire celui des dieux.

Le Peuple.
Oublions jusqu’à la trace
D’un malheur peu fait pour nous,
Éprouvés par la disgrâce,
Notre sort en est plus doux !
Vive le Roi, Vive le Roi !
Vive à jamais, vive le Roi2  !

• 1Vaudeville qui termine, sur l’air de celui qui finit le Déserteur. (M.).
• 2Ce qui a fait supprimer cet ouvrage, c’est l’exclamation d’Henri IV, ouvrant la scène et s’écriant : Vive Dieu, les Français ont donc un Roi. - Du reste, M. l’abbé Terrai est parfaitement désigné sous le personnage allégorique intitulé le Luxe. On reconnaît dans la Flatterie, à ne pas s’y méprendre, M. de Maupéou. Le Despotisme désigne sensiblement M. le duc d’Aiguillon. Le vieil esclave qui amène la Volupté, peint à merveille le duc de Richelieu. Enfin le Fantôme sans nom est le Nouveau Tribunal, à ne pouvoir s’y méprendre. C’est ce qui rend le spectacle, très beau en lui-même, encore plus piquant (M.).