La Guerre présente
La guerre présente1
A tant de perfidie ont-ils pu se résoudre,
Quelle horrible injustice ! et ne fallait-il pas
Que des éclairs du moins précédassent la foudre
Que nous lancent leurs bras ?
Les pirates fameux des africains rivages
Aux lois des nations se montrent plus soumis,
Et n’exercent jamais leurs cruels brigandages
Que chez leurs ennemis2
.
Que dis-je ! ces brigands, ces monstres homicides,
Dont le nom dans l’histoire est encor détesté,
Barberousse et Dragut, dans leurs courses avides,
Ont eu plus d’équité.
Ils ont cent fois troublé le repos de la terre
Et brisé les liens des nœuds les plus sacrés,
Ils ont seuls rallumé le flambeau de la guerre ;
Qu’ils en soient dévorés.
Oui ! je crois déjà voir par des fêtes brillantes,
Nos peuples consacrer nos exploits immortels,
Et des Anglais domptés les enseignes sanglantes
0mbrager nos autels.
Ainsi donc il n’est point de fort si redoutable
Que ne puisse emporter l’ardeur de nos guerriers !
Et pour les couronner, les plus stériles sables
Font naître des lauriers.
- 1 - Ode de M. de Coulanges sur les Anglais, au sujet de la guerre présente et sur la conquête de l’île de Minorque et du fort Saint Philippe, par le maréchal de Richelieu. (F.Fr.10479)
- 2x« Eh quoi ! écrivait, au début de la guerre, le marquis d’Argenson, les Anglais n’ont pas de honte de leur ressort d’avarice qui les anime bien autant que la gloire et la politique. Ils veulent posséder à eux seuls tout le commerce. Ils sont plus animés comme de vils marchands que comme défenseurs de leurs foyers, comme citoyens du monde et arbitres de l’Europe. Est‑ce là cette nation prétendue philosophe ? »(R)
Raunié, VII,273-74 - Clairambault, F.Fr.12721, p.147-48 - F.Fr.10479, f°515