Sans titre
L’esprit fort, vainqueur des obstacles1
,
Avait appuyé ses oracles
Sur le bon sens ;
L’esprit frivole a mis sa gloire
A consacrer dans notre histoire
Les revenants.
Quoi qu’en disent les préambules
Et toutes royales cédules,
Hochets d’enfants ;
Pour le trône et pour son ministre,
C’est un phénomène sinistre
Qu’un revenant.
Sortis gonflés de leurs ténèbres,
Résolus, pour être célèbres,
D’être insolents,
Tyrans sans frein et sans contrainte,
Ils vont justifier la crainte
Des revenants.
Parmi tous les héros du Code,
Un chansonnier fort à la mode
Règle les rangs,
Digne écrivain de cette histoire ;
Rien ne manque à la gloire
Des revenants.
Applaudis-toi, Romain Malesherbe,
D’être jugé le moins superbe
De ces Titans.
Plane malgré ta lourde masse,
Sois le Dieu qui règle l’audace
Des revenants.
Toi, long d’échine et court de vue,
Phrasier bouffi, monseigneur Hue,
L’un des tenants,
De Sixte-Quint, froid plagiaire,
Recule et cède la barrière
Aux revenants.
O Roi ! tu cherches la justice,
Et l’on conduit au précipice
Tes pas tremblants.
Où sont les martyrs de ton trône ?
Hélas ! ta main les abandonne
Aux revenants.
Redoute ce calme éphémère,
Vois le foyer parlementaire
Étincelant.
On va discuter ta démence,
Et tu rentres dans la balance
Des revenants.
- 1Parodie de la pièce des Revenants. (M.) (R)
Raunié, IX,43-45 - F.Fr.15141, p.381-84 - CLS, 1775, p.7-8 - BHVP, MS 703, f°256r-256v et 258r-258v - Hardy, III, 749 - Correspondance secrète, t.I, p.150-52