Sans titre
Ces grands observateurs des lois,
Ces sages tuteurs de nos rois
Viennent de signaler leur zèle,
Non sur les malheurs de l’État,
Ce n’est pour eux que bagatelle
Mais sur un risible attentat.
Un mauvais écrit sans aveu
Est condamné par eux au feu.
Le bourreau faisant son office
Bougres, impies, empoisonneurs,
N’ayez plus honte du supplice
Dont on punit les plats auteurs.
Au règne de Louis le Grand,
Sous le duc d’Orléans régent,
Pleuvaient libelles satiriques,
Sur eux, sur le gouvernement ;
On vit même des Philippiques
Être méprisés prudemment.
Mais on offense deux catins
Et le docte Gilbert Voisin
Fait un long discours admirable.
Lors tous opinent du bonnet
De ce jugement équitable.
Je vous présente ici l’extrait.
Malgré Richelieu, Retz, d’Aumont
Et nombre de petits garçons,
Malgré Dombes, rendu étique,
Sera le public averti
Que la Charolais est pudique,
Le Parlement l’ordonne ainsi.
La gente Roche-sur-Yon
Payant cher le pauvre Marthon,
Grosse, courte et de plus camarde,
L’esprit fait pour un tel étui
Ne sera plus trouvée maussade,
Le Parlement l’ordonne ainsi.
Princes et princesse auront
Le droit d’être à califourchon
Et sur le Roi et sur la Reine,
Et si quelqu’un y contredit
Le feu du moins sera sa peine,
Le Parlement l’ordonne ainsi.
Faites votre provision
De fagots tant il y fait bon,
Car si l’on brûle les libelles
Que mainte princesse aujourd’hui
Mérite qu’on fasse sur elle
Les fagots n’auront point de prix.
Mazarine Castries 3985, p.323-25