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Le Président Portail

Le président Portail1
Le plus célèbre monument
Que nous ayons dans notre France
Est divisé en un moment,
Et s’en va tout en décadence.
Ce qui parait original,
C’est par la faute du Portail.

Ce n’est que par le fondement,
Que succombe cet édifice.
Il était bâti à ciment
Pour résister à l’artifice.
Par un renversement fatal,
Il est détruit par son Portail.

Jadis ses graves habitants
Donnaient des lois à la couronne,
Par un funeste changement,
Un petit collet leur en donne2 .
Ce qui fait sa perte fatale,
C’est la faiblesse du Portail.

Ces aînés de tous nos dindons
Passent nuit et jour à séduire
De la Grand’Chambre les oisons,
Afin de les pouvoir conduire
Au but du fougueux cardinal,
A l’ombre de leur vieux Portail3 .

 

  • 1Le président Portail fut en butte aux railleries des robins pour avoir obéi sans protestation aux ordres de la cour, qui suspendaient les assemblées du Parlement ou exilaient ses membres. C’était, dit une note manuscrite « un homme lâche et dévoué à la cour. » (R)
  • 2[2] - L’abbé Pucelle. (R)
  • 3« On dit qu’on avait affiché à plusieurs portes du palais cette inscription : Palais à vendre. Les fondements et les dedans en sont bons ; il n’y a que le Portail qui n’en vaut rien, et le Parquet est pourri. — Il y a toujours des gens hardis, mais ces allusions et ces brocards sont tristes pour le premier président Portail. » (Journal de Barbier.) (R)

Numéro
$0770


Année
1732




Références

Raunié - Clairambault, F.Fr.12704, p.179 (Dernière strophe) -Maurepas, F.Fr.12633, p.105-06 -  F.Fr.10476, f°354 - F.Fr.15146, p.339-41 - Arsenal 2931, f°205r - Arsenal 3116, f°144r