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Pour la reine de Hongrie

Paraphrase du Psaume III : Domine, quid multiplicati sunt, etc.
pour la reine de Hongrie
Toi, dont la suprême puissance,
Par d’impénétrables ressorts,
Des ennemis de l’innocence,
Fais échouer les vains efforts ;
Grand Dieu, si ta bonté propice
Se déclare ma protectrice,
Je prends courage et ne crains plus ;
En vain ma perte est projetée,
Ceux qui la comptaient assurée
Ont fait des efforts superflus.

Quoi ! seigneur, une ligue énorme
Que l’envie arme contre moi,
Quand je la craignais moins, se forme
Au mépris de la bonne foi.
De mes amis abandonnée,
Par mes proches persécutée,
Je vois contre moi tout s’unir ;
Et leur puissance combinée,
Sous une affreuse destinée
Se préparait à m’asservir.

Déjà mes sujets qui m’oppriment
Succombent sous leurs premiers traits ;
L’un l’autre à ma perte ils s’animent,
Rien n’en arrête les progrès ;
Pour échapper à leur poursuite,
Contrainte moi-même à la fuite,
En vain je cherche du secours ;
Partout ils disent que mes larmes
Seront des inutiles armes,
Auxquelles seule j’aurai recours.

Ils ont pensé que ta colère
A leur fureur m’abandonnait,
Et que par cette injuste guerre
Ta sagesse me condamnait ;
De cette fausse confiance,
Cimentant leur vaine alliance,
Ils ont partagé mes Etats,
Et profitant de mon absence,
Ils ont compté par leur puissance
Mettre bientôt la mienne à bas.

Mais de leur frivole espérance
Tu leur fais sentir le néant,
Ton bras entreprend ma défense,
Et ton secours est évident.
Ma fermeté qui les étonne
Leur fait voir que c’est toi qui tonne
Contre leur infidélité.
Ta bonté dissipe l’orage,
Et des miens tu vois le courage,
Qui reprend son activité.

Contre moi des forces unies
Déjà balançaient mon espoir,
Et contre tant de tyrannie
Sans toi quel était mon pouvoir ?
Vers toi je me suis écriée,
Ma voix jusqu’aux cieux est montée,
Elle a suscité ton courroux :
Je vois ma prière exaucée,
Et leur puissance terrassée,
Prête à succomber sous tes coups.

Ils ont cru par mon long silence
Que je n’osais leur résister,
Personne contre leur puissance
N’entreprenais de n’assister ;
Mais pour en arrêter la course
En toi je trouve une ressource
Qui soutient mon coeur chancelant ;
A mes peuples remplis de zèle
Tu donnes une ardeur nouvelle
Pour résister à ce torrent.

Oui, seigneur, par ton assistance
Je combattrai mes ennemis,
Et d’eux je tirerai vengeance
De tant d’excès qu’ils ont commis.
De la défense de ma cause
Sur toi seul ma foi se repose,
Je remets tout entre tes mains.
De ces rois qu’arme l’injustice,
Tu dois confondre la malice
Et les pernicieux desseins.

Dèjà sur eux tes mains levées
Vont les forcer au repentir ;
Maintes nations soulevées
S’apprêtent pour me secourir.
Pour punir leur ingratitude
Cette union est le prélude
Des coups que tu vas leur porter :
Ils doivent dans cette alliance
Connaître ton bras qui s’avance ;
Leurs grands projets vont avorter.

Dans cette juste confiance,
Comptant sur ton bras tout-puissant,
Je vas combattre en assurance
Ces rois ligués injustement.
Soutiens ma cause, elle est la tienne ;
Que cette ligue se souvienne
Que tu disposes des états,
Et qu’en vain sur ceux de mes pères
Ils portent des mains meurtrières :
Pour m’y soutenir j’ai ton bras.

 

Numéro
$3776


Année
1742




Références

Bois-Jourdain, II,1146-49