Aller au contenu principal

Paraphrase de l’épitaphe de Monsieur François de Pâris

      Paraphrase de l’épitaphe

    de Monsieur François de Pâris

Quand la religion et l’amour de son Dieu

Ont rempli les moments d’une sainte jeunesse,

On a beaucoup vécu, la vertu nous tient lieu

       Des jours d’une longue vieilllesse.

 

Au fond de ce tombeau gît François de Pâris ;

Dans cette ville auguste il reçut la naissance.

Des célestes douceurs il fut toujours épris ;

       La grâce éclaira son enfance.

 

Les charges, les honneurs et les noms fastueux

Qui sont des premiers-nés les justes apanages,

N’eurent aucun attrait pour son cœur vertueux,

       Plus grand que tous ces avantages.

 

Au sein de l’abondance il est un indigent,

Ses biens des malheureux furent la nourriture.

Vraiment il les aimait et voulut en mourant

       Se mêler dans leur sépulture.

 

Du grand Paul imitant l’austère pauvreté,

Lui-même s’apprêtait sa faible subsistance,

Mais, grand Dieu, quel repas, quel repas apprêté

       Par les mains de la pénitence !

 

Rempli des vérités des livres éternels,

Le diacre zélé pour la gloire des temples

Formait des jeunes clercs au culte des autels,

       Par sa parole et ses exemples.

 

Du nom de vertueux craignant l’éclat flatteur

Il fuyait et vivait dans une paix profonde.

Il ne cherchait que Dieu ; seul avec lui, son cœur

       Triomphait des attraits du monde.

 

Pour lui la pénitence avait de vrais appas

Du jeûne il rappelait les austères coutumes,

Un peu de vin et d’eau composait ses repas,

       Mêlé quelquefois de légumes.

 

Une fois chaque jour il nourrissait son corps.

Longtemps par ses rigueurs il courut à la gloire.

En vain tu rougissais ; longtemps tous tes efforts

       N’ont fait qu’embellir sa victoire.

 

La terre était son lit, là ses soupirs ardents

Rouvraient pendant la nuit ses douces paupières.

Le sommeil surpris quelques moments,

       Suspendait ses longues prières.

 

Entre ses bras enfin la croix d’un Dieu sauveur

Où l’attache l’amour avec tant de constance

Par de tendres baisers ranimait son ardeur

       En bénissant sa pénitence.

 

La foi qui l’éclairait par ses élancements

Découvrait à ses yeux la céleste demeure,

Et l’espérance alors dans ses ravissements

       L’approchait de sa dernière heure.

 

Dans cet état le feu de son âme contente,

Bien plus que les ardeurs d’une fièvre brûlante,

Finit paisiblement l’heureux et dernier jour

       De cette victime innocente.

 

Numéro
$7151





Références

F.Fr.12800, p.361-65 - Arsenal 2975, p.134-36