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Le Bal masqué, à Madame la Dauphine

Le bal masqué, à madame la Dauphine1
Quand au milieu d’une brillante cour
Aux rois nous offrons notre hommage,
Le respect sur notre visage
Tient lieu de masque au tendre amour.
C’est pour mieux nous faire connaître
Qu’aujourd’hui nous masquons nos traits.
À la félicité du maître
Chacun veut applaudir de près.
Pour donner à notre tendresse
Le droit d’éclater librement,
Faut-il en ce jour d’allégresse
Recourir au déguisement ?
Ce qu’il sent hautement, le Français le publie.
Laissez-lui la sincérité ;
En est-il un qui ne s’écrie :
Cette Dauphine, en vérité,
Nous l’aimons tous à la folie !
Nous l’aimons : ce mot est si doux !
Qu’au milieu de ce peuple errant autour de vous,
Vous vous plaisez sous le masque à l’entendre ;
Vous épiez, vous cherchez à surprendre
L’aveu, le seul aveu dont les dieux soient jaloux.
Si pourtant vous croyez que rien  ne vous décèle
Vous vous trompez : partout LOUIS vous suit des yeux ;
Ses regards attendris semblent dire : c’est elle !
Et puis cette ceinture, ornement précieux
Que vous portez dès l'âge le plus tendre,
Et dont vous fit présent la mère de l’Amour ;
Jamais votre dame d’atour,
En vous masquant, n’a pu vous la reprendre.

  • 114 juin. Madame la comtesse de Noailles, dame d’honneur de madame la Dauphine, et dont les fonctions sont de guider cette princesse dans tout ce qui est étiquette et cérémonial, voit avec peine qu’elle s’affranchisse de ses conseils, et lui fait sans cesse des représentations sur ce qu’elle se familiarise trop ; ce qui la rend peu agréable à la Princesse et au public, et ce qui donnera la clef de la chute de la pièce de vers suivante, qui, par une adresse assez heureuse, est tout à la fois un éloge très flatteur pour madame la Dauphine et une épigramme contre Mme de Noailles (M.)

Numéro
$2280


Année
1770




Références

Mémoires secrets, III, 1354-55