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Apologie de l'Opéra nouveau

Apologie de l’opéra nouveau
Avec l’auteur de Polymnie
Dont le succès n’est pas complet
En faisant son apologie
Je veux partager le sifflet.

Pour commencer par le prologue,
Rien n’est plus grand que son projet,
Et quoique chacun l’épilogue
J’en trouve fort bon le projet.

Au premier acte, on voit Hercule
Par Jeliotte représenté ;
Cela semble un peu ridicule,
Moi, j’admire la nouveauté.

Si dans sa taille et dans sa mine
Ce dieu paraît trop abrégé ;
C’est qu’en passant par l’étamine
Sans doute il est beaucoup changé.

Plus doux qu’un galant de ruelle,
On le croit fade, il est poli ;
Et son Hébé qu’il trouve belle
A son tour le trouve joli.

Jupiter (Chassé) ouvre sa séquelle
Prie Dieu, comme un capucin,
Et dans la céleste chapelle
On dit les vêpres du destin.

Après un si certain spectacle
Dont chacun est édifié,
En vertu d’un certain oracle
Alcide est béatifié.

Au second le Roi de Syrie
Paraît assez embarrassé ;
Si sa future est fort jolie
Son fils est presque trépassé.

Arrive le prince malade ;
Son mal n’est pas exagéré ;
Faute de rouge et de pommade
Il a tout l’air d’un déterré.

L’auteur brusque un peu l’aventure.
Pardon, Messieurs, en vérité
Un tel sujet en mignature
Ne pouvait être mieux traité.

Mais au troisième il a fait rage ;
Et sans doute c’est le plus beau,
Zimès après bien du tapage
Se met à pleurer comme un veau.

Ici l’incertitude est grande
Sans cause on le voit agité ;
S’il ne sait pas ce qu’il demande
C’est que c’est un enfant gâté.

Il s’endort, mais une princesse
L’éveille cavalièrement ;
Il la prend pour une déesse
Qui le raccroche galamment.

Bientôt il s’échauffe à sa vue ;
Les nymphes qui sont sous ses lois
Devant lui passent en revue
Comme on faisait chez la la Croix

Lieux communs, morale entassée
Font sur le tout un grand effet ;
A la fin la toile baissée
Rend tout le monde satisfait.

 

Numéro
$3275


Année
1745




Références

Maurepas, F.Fr.12649, p.173-76 - F.Fr.13658, p.361-64