Aller au contenu principal

Épître dédicatoire

Joyeux paillards, putains, habitants des bordels,1
O vous ! qui de Priape encensez les autels,
Illustres partisans de la foutromanie,
A patiner des cons qui passez votre vie,
Et qui parfois tâtez aussi du trou du cul,
Ce livre, bambocheurs, vous est bien dévolu.
Ma muse, en écrivant, me chatouillait les couilles,
Et ses sœurs dans le con se fourraient des andouilles,
Apollon se branlait ; et son foutre brûlant
Tombait à gros bouillons comme un flot écumant ;
Je le voyais jusqu’au bord emplir mon écritoire.
O divine liqueur ! au temple de mémoire
Fait que je puisse un jour inscrire aussi mon nom
A côté de Parny, de Grécourt, de Piron !
Du célèbre Arétin, et surtout de Voltaire !
Ils ont chanté le con chacun à leur manière ;
Les lauriers immortels qui décoraient leurs vits
Donnaient plus de valeur à leurs charmants écrits.
On ne peut qu’admirer de semblables modèles !
Oui ! Si de leur génie une ou deux étincelles
Électrisaient les vits des auteurs de nos jours,
Les putains n’oseraient dire qu’ils sont trop courts.
Depuis qu’on voit chez nous régner le romantique,
Que de tristes fouteurs, que de branleurs de pique,
Une fille est réduite à se gratter le con !
Elle s’use les doigts faute d’un vrai luron,
Qui, lui bourrant le cul et l’aspergeant de foutre
Sans tirer six bons coups, ne passe jamais outre ;
C’est ainsi, chers paillards, qu’il faut toujours agir,
Si l’on veut ici-bas un peu se divertir.
Voilà mon dernier mot ; méditez cette épître ;
De célèbres fouteurs vous obtiendrez le titre.
Lisez, lisez ces vers, puisez-y des leçons ;
Gardez mon souvenir, adorateurs du con !
Faites en mon honneur remuer la charnière
Aux garces, aux putains, à la fille, à la mère ;
Après ma mort venez baiser sur mon cercueil,
Et de foutre inondez mon funèbre linceul.
Il pourra réchauffer mes ossements, ma cendre ;
Mon ombre jouira d’un tribut aussi tendre.
Peut-être mon engin encore se dressera
Et les morts chanteront en chœur, Alleluia !

  • 1Dédicace - Aux fouteurs, paillards, mâles et femelles de toutes les classes et de tous les rangs

Numéro
$1194


Année
1789




Références

Vingt ans de la vie d’un jeune homme, cité dans  Wald-Lasowski, Le roman du libertinage, p.79-80


Notes