Sans titre
Sire, le bien aimé,
De vous on est charmé
D’avoir cassé Noailles1 .
Haï de vos soldats,
Jamais pour vos États
Il n’a rien fait qui vaille.
Il eût d’un coup de main
Abîmé le Germain
Et tout mis au pillage.
Il a cru plus chrétien
De ne hasarder rien
Et de livrer passage.
Fourche d’un général
Qui nous conduit si mal
Que l’on s’en désespère.
Qu’il s’en aille à Francfort,
Au Conseil il est fort,
Mais très faible à la guerre.
Vis-à-vis sa maison
On a brûlé, dit-on,
Un grand homme de paille.
On aurait bien mieux fait
De brûler en effet
Ce jean-fesse Noailles.
- 1Ces couplets ont été faits sur le maréchal de Noailles qui laissa passer le Rhin au Prince Charles dont il pouvait défaire entièrement l’armée. Aussi le Roi l’a-t-il rappelé pour l’envoyer ambassadeur plénipotentaire à Francfort auprès de l’Empereur. Il est vrai qu’on a brûlé devant la porte de son hôtel à Paris un homme de paille ayant deux épées de bois pendues au cou. On a nommé en sa place pour commander les troupes le comte de Belle-Isle.
Mazarine Castries 3988, p.416-17