Noëls de l’année 1720
Noëls de l’année 17201
Pour célébrer la fête
Du saint enfantement,
Le Régent à la tête,
Vint offrir son présent.
Jésus lui dit : Sortez.
Avec votre faux zèle,
A quoi bon ces façons, don, don,
Si vous ne croyez pas, la, la,
A la vie éternelle.
Le duc n’osa paraître
Après ce compliment,
Et par une fenêtre,
Disait à tous venants :
Soyez mes protecteurs
Près la divine enfance ;
J’ai cent mille actions,
On en escomptera
Pour votre récompense.
En air de petit-maître,
Le prince de Conti,
Quand on le vit paraître,
L’Enfant Jésus lui dit :
Approchez-vous, Bourbon,
Car vous êtes bon homme ;
Par l’appât d’un million
On vous met hors d’état
De n’écouter personne.
Law s’en vint à la suite
De tous ces gros seigneurs ;
Joseph en prit la fuite,
Son seul nom lui fit peur.
Jésus, le regardant,
Dit : Tu mets la discorde ;
Arrêtez ce fripon,
C’est un vrai renégat !
Qu’on lui mette une corde.
Le Parlement se montre
Par le coin du pignon,
Jésus s’écrie : Quel monstre
Entre dans ma maison ?
Nombre infini de bras,
De jambes, et point de tête.
Dessous notre horizon, don, don,
Jamais ne se verra, la, la,
Une pareille bête.
- 1« Pendant ces fêtes de Noël, écrit Mathieu Marais à la date du 28 décembre 1720, on a chanté plusieurs Noëls sur l’état présent des affaires et sur plusieurs personnes de la cour. Il y en a de bons et d’autres médiocres. Ces pièces sont toujours bonnes à voir, parce qu’elles décrivent, en peu de paroles les personnes et les choses. » (R)
Raunié, III,272-74 - Clairambault, F.Fr.12697, p.477-78 - Maurepas, F.Fr.12630, p.316-18 - F.Fr.10475, f°224-225 - F.Fr.13655, p.477-78 - F.Fr.15152, p.229-35 (entier, plus des couplets empruntés à $0243) - NAF.1666, p.121r-122v - NAF.9184, p.225 (quelques couplets)
Suite ou autre version en $430. Mais les deux numéros sont séparés dans les recueils.