La Musique de Rameau
La musique de Rameau1
Contre la moderne musique,
Voici ce que dit la critique :
Si le difficile est le beau,
C’est un grand homme que Rameau ;
Mais si le beau par aventure
N’était que la simple nature,
Dont l’art doit être le tableau,
C’est un sot homme que Rameau.
Enfin Rameau s’est fait connaître,
Et dans son dernier opéra
Il vient de faire un coup de maître
Que n’eût jamais tenté Campra2
.
C’est plus qu’il n’osait se promettre,
Quoiqu’il soit tant soit peu Gascon,
Car il a trouvé l’art de mettre
Tous les sifflets à l’unisson3
.
- 1Jean‑Philippe Rameau, l’un des rénovateurs de la musique française au XVIIIe siècle (1683 - 1764). (R)
- 2André Campra, compositeur d’opéras et maître de chapelle du Roi. Quoique disciple de Lully, il fut un des premiers à rendre justice au talent de Rameau. « Ne vous trompez pas, disait‑il en parlant d’Hippolyte et Aricie vivement critiqué par ses confrères, il y a plus de musique dans cet opéra que dans tous les nôtres, et cet homme que vous voyez là nous éclipsera tous. » (R)
- 3
Ces vers se rapportent, non comme l’indiquent les recueils manuscrits à l’opéra de Castor et Pollux, dont les paroles étaient de Bernard, secrétaire du maréchal de Coigny, et la musique de M. Rameau, mais à celui d’Hippolyte et Aricie, représenté le 1er octobre 1733. (R)
Raunié, VI,187-88 - Clairambault, F.Fr.12707, p.71-72 et 75 - Maurepas, F.Fr.12634, p.157 - F.Fr.13662, f°26r - F.Fr.15021, f°46r (premier couplet) - F.Fr.15034, p.469-470 (premier couplet) - BHVP, MS 659, p.318 (2ème couplet)
Attribué à Voltaire par F.Fr.15034.