L'Opinion de Jean-Jacques
L’opinion de Jean-Jacques1
Les Lullis et les Rameaux
Sont des esprits opaques,
Des ignorants et des sots ;
Ainsi l’a dit en deux mots
Jean-Jacques, Jean-Jacques.
De notre Hélicon les eaux
Ne sont que des cloaques,
Nos cygnes que des crapauds ;
Ainsi l’a dit en deux mots
Jean-Jacques, Jean-Jacques.
Aux beaux-arts bien à crédit,
Peuple français, tu vaques ;
Tout succès t’est interdit,
En deux mots ainsi l’a dit
Jean-Jacques, Jean-Jacques.
Des deux Rousseaux, dont jamais
L’un n’aura fait ses Pâques,
Quel est le grand désormais,
Ce n’est plus Jean2
tout court, mais
Jean-Jacques, Jean-Jacques.
- 1Autres titres: Chanson sur Jean-Jacques Rousseau, auteur du Devin de village. Janvier 1754 (Arsenal 2964, F.Fr.10479) - Au sujet des sorties faites par J.-J. Rousseau de Genève contre nos poètes et nos musiciens. - Jean-Jacques Rousseau avait publié, au mois de décembre 1753, sa fameuse Lettre sur la musique française, qui passionna les esprits et fit oublier un moment les querelles religieuses. « Il y a, notait le marquis d’Argenson, grand bruit contre Jean-Jacques Rousseau, prétendu philosophe genevois, pour une brochure qu’il a publiée contre la musique française, en prétendant qu’elle n’existait pas et qu’il était à souhaiter qu’il n’y en eût jamais. On avait expédié une lettre de cachet pour le faire sortir du royaume : mais de tristes articles en ont détourné. Ayant été reconnu à l’Opéra, il a été maltraité de paroles et de coups de pied au c… ; l’orchestre l’a pendu en effigie. Cela devient une querelle nationale. » (R)
- 2Il s’agit ici de Jean‑Baptiste Rousseau. (R)
Raunié, VII,235-36 - F.Fr.10479, f°353 - Arsenal 2964, f°203 - Piron, OC, t.IX, p.353 - Barbier-Vernillat, III, 193