La Mort de madame Poisson
La mort de Madame Poisson1
En France on prend le plus grand deuil,
La Poisson est au cercueil ;
Se peut-il que la mort
Moissonnière,
Moissonnière,
Se peutil que la mort
Termine aussitôt son sort ?
La marquise dit au roi :
Je suis toute en désarroi2
,
Je perds chère maman
Poissonnière,
Qui m’aimait si tendrement.
De sa bonne instruction
Vient mon illustration.
J’ai touché votre cœur,
Mon beau sire,
Est-il un plus grand bonheur ?
Ce galant royal amant,
Qu’on connaît compatissant,
Lui jure de nouveau
Sa tendresse,
De l’aimer jusqu’au tombeau.
Et lui tient ce beau propos :
Tous mes sujets sont égaux ;
Ainsi par conséquent
Ma bergère,
Ma bergère,
Ainsi, par conséquent
Vous touchez au plus haut rang.
- 1 - Mme Poisson, mère de Mme de Pompadour, mourut subitement à Paris, le 24 décembre 1745, à peine âgée de quarante six ans. « Elle avait été, dit Barbier, une des plus belles femmes du pays, avec tout l’esprit imaginable. » Le marquis d’Argenson la traite plus durement. « C’était dit il, une célèbre p… du Palais Royal, qui avait destiné sa fille à quelque poste considérable de ce genre. Elle lui avait fait épouser un fermier général, mais son ambition n’en était pas satisfaite. Elle a vu le triomphe de sa fille et est morte peu après de la v… » (R)
- 2« Mme de Pompadour est fort affligée, à ce que l’on dit, et ne voit personne. On croyait que cela pourrait faire quelque changement au voyage de Marly, mais Mme de Pompadour a prié le Roi de laisser subsister les mêmes arrangements, disant que la mort de sa mère n’est pas un événement assez important pour déranger la cour. » (Mémoires du duc de Luynes.) (R)
Raunié, VII,62-64 - F.Fr.15140, p.253-54