sans titre
Tristes rimeurs qui pendant longues nuits
Par longs travaux nous forgez longs ennuis1 ,
Froids courtisans rebutés par les Muses,
Abandonnez les cours de leur hôtel,
Et Chez Lalain2 allez voir, pauvres buses,
Leur Almanach, au moins soi-disant tel.
Sans fatiguer enclume ni martel,
Sans hasarder ses vers parmi les vôtres,
*S**3 du moins ne veut être immortel,
Qu’en recueillant les sottises des autres.
- 1L’Almanach des muses n’a jamais été plus mauvais que cette année ; et l’on ne peut que plaindre le rédacteur obligé de donner un volume composé souvent de si mauvais matériaux. Mais aussi pourquoi s’y engager ? Deux ou trois pièces exceptées, le reste n’est pas supportable. C’est ce qui a donné lieu à l’épigramme suivante, qui m’a paru d’une main exercée (La Harpe)
- 2Libraire qui imprime l’Almanach des Muses (La Harpe)
- 3Sautereau de Marsy, compilateur de l’Almanac (La Harpe).
La Harpe, CL, t.III, p.50-51