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Défense d’une découverte merveilleuse

Défense d’une découverte merveilleuse1
Maître Pierre, assurément,
Je vous trouve drôle,
De critiquer hardiment
Ma leste gondole.
Venez Pierre, venez Jean,
Voir comme je vole.

Mon projet n’est nullement
Une faribole,
Les faits prouvent clairement
Qu’il n’est point frivole.

Voler est un art charmant :
Chacun en raffole ;
Mon tailleur en est régent,
Il en tient école.

En ma cuisine, souvent,
La vieille Nicole
Vole aussi légèrement
Dans sa casserole.

Voleur est également
Mon pharmacopole,
Qui me vend si chèrement
D’eau pure une fiole.

Mon procureur, plus ardent,
Défierait Éole,
Et préfère ce talent
A l’or du Pactole.

D’un grand seigneur l’intendant
Toujours se désole :
Mais en secret puissamment
Mon art le console.

Mieux qu’eux tous certainement
J’y joue un grand rôle,
Et bien plus utilement
Pour la métropole.

Si quelque amoureux serment
S’échappe et s’envole
Je cours après promptement
Dans ma carriole.

Si d’un rimeur le bon sens
Fait la cabriole,
Si l’air emporte l’encens
Qu’il offre à l’idole,
Je les rattrape et céans
Je les mets en geôle.

  • 1Réponse au vaudeville de Piis. (M.)(R) [$1518]

Numéro
$1519


Année
1782




Références

Raunié, X,63-65 -  CSPL, t.XIII, p.123-25