Aller au contenu principal

L'Hermine. Fable

L’Hermine, fable
J’avais aux muses dit adieu,
Aux grands je l’avais dit de même
Et je faisais mon bien suprême
D’habiter en paix ce beau lieu1 .
L’obscurité philosophique
Me paraissant dans tous les cas
Préférable au brillant fracas
Des cours et de leurs politiques.
Mais quand le bruit fut répandu
Que dans ces lieux charmants Louis allait descendre,
Qu’avec sa cour auguste il était attendu,
Il s’élève en mon cœur sans pouvoir s’en défendre
Un trouble impérieux qui me force à vous rendre
Un culte qui vous est bien dû,
Et que tout bon Français doit vous avoir rendu.
Je réclame aussitôt La Fontaine et sa muse,
Dans leur genre autrefois le public m’a loué.
Non qu’on n’ose penser, à moins qu’on ne s’abuse,
Qu’après un si grand maître on puisse être avoué.
Mais ce genre est aimé, c’est ce qui sert d’excuse.
Ose, me dit la muse, et sois sûr du succès.
Pompadour joint à ses attraits
Les plus rares talents et les vertus réelles.
Ses talents chaque jour par des fêtes nouvelles
Amusent un grand roi, l’amour de ses sujets,
et ses vertus sur eux attirent ses bienfaits.
Est-il deux fonctions plus belles ?
Amuser un grand roi, c’est conserver ses jours.
Les conserver, c’est en croître la gloire,
C’est de ses ennemis forcer les vains détours,
Unir en dépit d’eux la paix à la victoire
Et vous rendre heureux pour toujours
En éternisant sa mémoire.
Va donc offrir tes vœux à cette déïté,
Elle te sera favorable
Et recevra bien cette fable
Qui pour elle devient la simple vérité.

 

  • 1Marly (M.).

Numéro
$3353


Année
1748 janvier




Références

Clairambault, F.Fr.10718, p.17-18 - F.Fr.13659, p.333-34


Notes

Poème en accompagnement de la fable suivante ($3354)