Chanson
Chanson
Que je perde ma vertu,
Que ma faute soit publique,
Que mon mari soit cocu,
Que le public me critique,
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Un certain honneur me pique.
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Je suis maîtresse du roi.
Que le public imprudent
Ne dise à son ordinaire.
S’il me critique, il se rend,
Aux yeux du roi, téméraire.
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Il faut tout voir et se taire.
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Me doit-on donner la loi ?
Que la crainte d’un remord
A un scrupule m’expose,
Que la terreur de la mort
A tous mes désirs s’oppose,
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Tout cela m’est peu de chose.
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Je suis la maîtresse du roi.
Que je pense à Châteauroux,
À sa prompte décadence,
Que du grand Dieu le courroux
Soit toujours en ma présence,
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
J’ai des biens la jouissance.
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Je suis maîtresse du roi.
Que mon infidélité
Te donne le courage,
Cher époux. Sa Majesté
T’en fait titrer davantage.
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
La ferme t’en dédommage.
Eh ! qu’est-ce que ça m’fait à moi ?
Ta femme est aimée du roi.
Mazarine Castries 3989, p.179-81 - Marville, II,112