Madame d’Estrades
Madame d’Estrades1
Si vous voulez faire
Dans le temps présent
La plus mince affaire,
Il faut de l'argent ;
Parlez à d'Estrades :
Elle reçoit un écu2
Lanturelu.
Si vous vouliez être
Sûr de la trouver
Et la reconnaître
Sans la demander ;
Cherchez le visage
Le plus semblable à un c…
Quoique l'on s'en gausse,
On a si bien fait,
Qu'on trouve une sauce
Au fade brochet ;
Pour dernière épreuve
On le met au bleu tout cru.
Lanturelu.
- 1 - Mme d’Estrades, veuve du comte d’Estrades tué à la bataille de Dettingen, se trouvait, par son mari, nièce de M. Le Normand de Tournehem et cousine de Mme de Pompadour, dont elle avait d’abord recherché l’amitié et qui l’avait fait nommer en 1745 dame d’atour de Mesdames. C’était, d’après le duc de Luynes, une femme jeune, assez grasse, petite et de fort grosses joues. « Elle fut, dit Marmontel, l’amie et la complaisante de Mme d’Étioles, qui ne croyant pas réchauffer un serpent dans son sein, l’avait tirée de la misère et amenée à la cour… Cette intrigante abandonna sa bienfaitrice pour se livrer au comte d’Argenson et conspirer avec lui contre elle. Il est difficile de concevoir qu’une aussi vilaine femme dans tous les sens eût, malgré la laideur de son âme et de sa figure, séduit un homme du caractère, de l’esprit et de l’âge de M. d’Argenson ; mais elle avait à ses yeux le mérite de lui sacrifier une personne à qui elle devait tout, et d’être pour l’amour de lui la plus ingrate des créatures. » (R)
- 2Intrigante et avide, Mme d’Estrades était accusée de trafiquer du crédit dont elle jouissait auprès du ministre de la guerre. (R)
Raunié, VII,152-53 - F.Fr.10289 (Barbier), f°97 - F.Fr.15142, p.264 (Couplets 1-2)