Bouquet à Madame de Pompadour
Bouquet à Madame de Pompadour1
L’Amour, entouré de ris,
Jouait avec la pomme accordée a sa mère
Par l'équitable Paris ;
Sa main fatale et légère
La jetait, l'attrapait, la rejetait en l'air ;
Quand tout à coup l'oiseau qui porte le tonnerre
S'élance, la saisit, et fuit comme un éclair.
L'Amour désespéré parcourt toute la terre.
Vénus ne l'aimera jamais
Qu'il n'ait trouvé le prix qu'obtinrent ses attraits.
L'aigle, planant sur nos rivages,
L'avait laissé tomber dans ces riants bocages
Où nos Rois ont fixé leur cour.
Un héros parcourant cet auguste séjour
La voit et lit ces mots : A la plus belle.
Cette pomme, dit-il, regarde Pompadour.
Il la lui porte devant elle.
A l'instant se montre l'Amour.
A peine il aperçoit cet objet qui l'enchante
que, transporté de joie, il se jette à son cou.
Maman, s'écrie-t-il, vous êtes bien méchante
De m'avoir fait chercher si longtemps ce bijou.
- 1 - Si Mme de Pompadour trouvait dans la plupart des courtisans des ennemis toujours prêts à railler son origine bourgeoise, son manque de distinction, son langage et ses manières, elle était plus heureuse auprès des gens de lettres, qu’elle protégeait avec une intelligente bienveillance. (R)
Raunié, VII,149-50 -Clairambault, F.Fr.12719, p.251 - F.Fr.10478, f°342 - Barbier, IV, 392-93