Conseils à Madame de Milly
Vers à Mme de Mailly,
qui vit dans le cabinet du Roi une fleur
qui meurt douze heures après qu’elle est éclose.
Elle s’écria : Comment, demain, cette belle fleur ne sera plus ?
A quoi penses-tu donc, Mailly ? Ton cœur sensible,
A l’aspect d’une fleur1
prévoit l’instant terrible
Où le fatal ciseau tranchera tes beaux jours.
Mais les astres aussi verront finir leur cours ;
De ce vaste univers l’immense architecture
Sera réduite en poudre, et toute la nature
Subira comme toi le sort de cette fleur.
Ah ! consacre du moins le temps de ta faveur,
Chasse du gouvernail ce nocher imbécile :
Il faut pour nous guider une main plus habile,
Comme une autre Sorel2
, fais entendre à ton Roi
Que seul dans ses États il doit donner la loi.
Charles se réveilla sous cette fille illustre,
Et la France à sa voix reprit son premier lustre ;
Dès qu’Amour eut parlé le monarque français
Rentra dans ses foyers et terrassa l’Anglais.
C’est ce même ennemi dont l’éternelle envie
Veut imposer encore un joug à la patrie.
Pour animer Louis que de justes sujets !
Amour conduis son cœur, assure ses projets.
Déjà du fier Vernon la flotte désolée
Promène sa fureur de contrée en contrée,
Et ce héros des mers, après de vains efforts,
Échoue à Carthagène3
, et se sauve en ses ports.
Raunié, VI, 302-03 - Clairambault, F.Fr.12709, p.311-12 -Maurepas, F.Fr.12635, p.331-32 - F.Fr.13655, p.321-22 - F.Fr.15150, p.105-07 - NAF.9184, p.509-10 - Gastelier, IV, 537
Vers de M. de Maurepas au sujet de ce quatrain ($0876)