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Le Roi et Madame de la Tournelle

Le roi et Madame de la Tournelle
Et allons, dame La Tournelle1 ,
Et allons donc, rendez-vous donc,
Quand votre Roi vous appelle.
Vous faites trop de façons2 ;
Et allons donc, mademoiselle,
Et allons donc, rendez-vous donc.

Quand votre Roi vous appelle
Vous faites trop de façons.
Encor si étiez pucelle3 ,
Vous le pardonnerait-on.


Encor si étiez pucelle
Vous le pardonnerait-on.
Si vous vous donnez pour telle,
Toute la cour dira non.

Si vous vous donnez pour telle,
Toute la cour dira non ;
De faire ainsi la cruelle,
Ma foi, c’est hors de saison.
De faire ainsi la cruelle,
Ma foi, c’est hors de saison.


Dans le sang de la de Nesle,
En a-t-on jamais vu ? Non.
Et allons donc, mademoiselle,
Et allons donc, rendez-vous donc.

  • 1Marie‑Anne de Nesle‑Mailly, veuve du marquis de La Tournelle, avait paru pour la première fois à la cour en 1739, où sa beauté produisit sur Louis XV une vive impression Trois ans après, elle remplaçait Mme de Mailly comme maîtresse du roi. « Elle était d’une blancheur éblouissante, d’une jolie figure, d’une taille élégante, d’un maintien noble. Son regard piquant frappa le prince, et son manège acheva sa conquête. Quoiqu’elle n’eût pas fait grand bruit depuis son veuvage, elle ne se vit point à la cour sans fonder des espérances. Elle était femme à faire valoir ses charmes mieux que ses sœurs et à profiter de leurs fautes. » (Vie privée de Louis XV) (R)
  • 2Les Mémoires de Richelieu racontent comment, un soir, à Choisy, Mme de La Tournelle laissa le roi gratter longtemps à sa porte sans lui ouvrir, elle spéculait habilement sur l’amour naissant du prince. « Dès qu’elle eut blessé l’âme du monarque, lisons‑nous dans la Vie privée de Louis XV, elle lui tint rigueur pour accroître son tourment, jusqu’à ce qu’elle eût fait son traité et obtenu les conditions qu’elle exigeait. » Ces conditions étaient le renvoi de sa sœur, la transformation du marquisat de La Tournelle en duché de Châteauroux et la promesse formelle d’être trai­tée avec plus de libéralité que Mme de Mailly. (R)
  • 3« On lui a cru jusqu’ici trois affaires, M. de la Trémoille, M. de Soubise et M. d’Agénois. Le premier la séduisit par ses charmes ; M. de Soubise, par intérêt et par vues ; elle avait besoin de lui pour intéresser en sa faveur la maison de Rohan et. Mme de Tallard, dans la vue d’entrer un jour chez Mme la Dauphine. Elle a eu M. d’Agénois pour se procurer les conseils de.M. de Richelieu, son cousin. M. de Richelieu est dans la grande faveur du roi ; c’est un autre M. Dangeau, qui compose les lettres respectives de la maîtresse et de l’amant. »(Mémoires du marquis d’Argenson.) (R)

Numéro
$0956


Année
1742 / 1743




Références

Raunié, VI,327-29 - Clairambault, F.Fr.12710, p.205-06 - Maurepas, F.Fr.12646, p.177-78 - F.Fr.15140, p.96-97 -F.Fr.15150, p.396-98 -  BHVP, MS 556, p.39 - BHVP MS 550, f°12v-13r - Mazerine Castries 3988, p.162-63