Sur Mme de Châteauroux
Adieux de Mme de Châteauroux
Châteauroux est renvoyée ;
Quelle bénédiction !
Sa grandeur est éclipsée,
Chantons-en le Te Deum.
Quelle leçon pour les dames
Qui courtisaient notre Roi ;
Elles ont beau verser des larmes,
Du pied au cul on les renvoie.
Lauraguais est désolée
D’avoir perdu tout son temps.
De quoi s’est-elle avisée
D’aspirer au même rang ?
Honneur de courte durée,
Vous nous montrez maintenant
Qu’il faut bien être égarée
Pour chercher l’amour des grands.
Il en faut faire une troisième
Pour Monseigneur de Soissons.
C’est la sagesse elle-même
Qui a dicté sa leçon.
A Louis il a su dire :
Est-ce votre intention
Que j’envoie faire faire
Ce tas de demoisillons ?
A cela notre bon sire
Dit à Monsieur de Soissons :
Quoique mon cœur en soupire
Je me rends à vos raisons.
J’aimais trop la créature,
J’en demande à Dieu pardon.
Pour laver cette souillure,
Vite l’absolution !
Admirez le grand courage
De Louis le bien aimé :
Ce qu’il aimait à la rage
A Dieu il l’a sacrifié ;
Il allait vaincre les autres
Et lui-même il s’est vaincu.
D’exemples comme les apôtres
Il nous prêche la vertu.
Prends la poste, grande Reine,
Tu vas rentrer dans tes droits ;
Nous avions bien de la peine
De te voir souffler aux doigts.
Tu seras la souveraine
Du plus aimable des rois ;
Et si bien tu te démènes,
Seras grosse en neuf mois.
Clairambault, F.Fr.12711, p.263-64 -Maurepas, F.Fr.12647, p.205-0 - F.Fr.10477, f°142 -F.Fr.12675, p.489-91 (moins les deux derniers couplets) - F.Fr.13656, p.228-30 - F.Fr.15134, p.957-60 - .Fr.21750, f°25v - NAF.9184, p.531 - Mazarine 2356, f°95r - Mazarine Castries 3988, p.421-23 - Barbier-Vernillat, III, 128-130