Sur Mademoiselle de Valois1
J’épouse un des plus petits princes2 ,
Maître de très petits États,
Et qui pour moi ne valent pas
Une de nos moindres provinces.
Là, le plus chéri des amours,
Est celui qu’on fait à rebours,
L’on y manque de tout, la finance est petite.
Quelle différence, grand Dieu,
Entre ce triste et pauvre lieu
Et le riche lieu que je quitte3 !

• 1Autre titre: Epigramme sur le mariage de Mlle de Valois avec le prince de Modène (Clairambault)
• 2A propos de son mariage avec le prince de Modène. (M.) — Voici comment fut décidé ce mariage : Richelieu, impliqué dans la conspiration de Cellamare, était détenu à la Bastille lorsque Mlle de Valois alla se jeter aux pieds du Régent pour lui demander sa grâce. « Le duc d’Orléans lui répondit durement que M. de Richelieu s’était mis dans le cas de perdre la tête, et qu’il la perdrait ; que cependant il lui promettait sa grâce à condition qu’elle épouserait M. de Modène. Un jeune cœur, bien épris, sans expérience, n’hésite point à se sacrifier pour sauver son amant. Mlle de Valois promit, mais bientôt revenue de l’enthousiasme du moment, elle se livra à la douleur la plus profonde, et, le jour qu’elle fut épousée par procuration, elle avait plus l’air d’une victime qu’on traîne au sacrifice, que d’une princesse qui marche aux autels de l’hymen. Tous les spectateurs étaient attendris de son sort. Il n’y eut que M. de Richelieu, à qui l’on avait rendu la liberté, qui, à l’inconséquence de se trouver à cette cérémonie joignit celle de parler sans cesse à l’oreille de Mlle de Charolais, en regardant Mlle de Valois ; ce qui révolta tout le monde. » (Mémoires de Besenval.) (R)
• 3Après ce qui vient d’être dit, ce plaisant jeu de mots n’a pas besoin de commentaire. Il paraît, cependant, que la princesse ne quitta pas tout à fait l’aimable duc. Soulavie assure qu’elle le reçut très bien à Modène, où il était allé la trouver, déguisé en colporteur. (R)