A une sauteuse de l’Opéra sur son début dans les princesses tragiques
A une sauteuse de l’Opéra sur son début dans les princesses tragiques1
Fais-nous grâce, pauvre Compain,
De tes rares talents éclos à l’improviste.
Sur toi le ridicule a jeté son grappin ;
Prends garde à toi, Princesse, il te suit à la piste.
Sans nous persécuter avec ton jeu mesquin,
Si tu veux un renom bien tragique et bien triste,
Sois Maîtresse du sieur le Kain ;
Mais ne viens pas (le tour est inhumain)
Nous travestir Electre en servante d’Egiste,
Et dans l’art de Clairon ne perds plus ton latin,
Malgré l’encens du petit Nain,
Garçon rimeur, gentilhomme feuilliste,
Brave à peu près comme un Bénédictin,
Immortel souffleté par Rutlige et par Blin,
Et qui fut ton apologiste,
En sautant bien ou mal, retourne au Magasin ;
Reprends la Gargouillade, et que le Ciel t’assiste.
- 1Je vous ai parlé d’une Dlle Compain ou Desperrières qui a débuté à la Comédie-Française et n’y a point eu de succès, quoique les connaisseurs prétendissent qu’elle annonçait de grands talents. Elle a été chanté par un M. Martinet dans ces vers.
CSPL, IV, 124-25