

On distinguait dans la cohorte noire
Un homme au teint de couleur d’écritoire1,
Qui pérorait, ânonnant, ânonnant,
Gesticulait, dandinant, dandinant,
Et raisonnait toujours déraisonnant.
C’était Omer de pédante mémoire,
Des mauvais lieux autrefois le héros,
Et devenu souteneur des dévots ;
Omer, fameux par maint réquisitoire,
Qui depuis peu vient d’enterrer sa gloire
Sous un mortier pour jouir en repos
De son mérite et du respect des sots.
Un peu plus loin sortait d’une simarre
Un teint blafard, surmonté d’un poil blond,
Un plat visage emmanché d’un cou long,
Le Saint-Fageau qui, saintement barbare,
Offrait à Dieu les tourments de La Barre.
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Très digne fils de son très digne père,
Déjà Michau pour être commissaire,
Se présentait quand l’avocat Séguier
Dit qu’on devait cet honneur à Pasquier,
Grand magistrat, sévère justicier,
Porteur d’esprit du président d’Aligre.
Deux gros yeux bleus où la férocité
Prête de l’âme à la stupidité,
L’ont depuis fait nommer le bœuf-tigre ;
Jamais surnom ne fut mieux mérité.
Dans sa jeunesse un certain cailletage,
Fade et diffus, mais facile et fleuri,
L’insinua dans le monde poli.
Voulant depuis jouer un personnage,
De nos prélats il se fit l’ennemi ;
Son coup d’essai ne fut pas accueilli,
Mais il a bien repris son avantage
Et s’est acquis un honneur infini
En inventant le bâillon de Lally.
Numéro $5739
Année 1782
Description
37 vers
Notes
Vers extraits d’un ouvrage dont on ignore le titre (F.Fr.13651)
Références
F.Fr.13651, p.310 - La Harpe, CL, t.III, p.224-26
Mots Clefs Michel et Michau, satire du parlement