Aller au contenu principal

Le Docteur à la mode

Le docteur à la Mode

Chanson sur M. Mesmer1
Il est un dieu tutélaire,
Un docteur couru, fêté,
Dont le geste salutaire
Est un signe de santé ;
Aux femmes il a su plaire,
Et, par un accord flatteur,
Toutes veulent le docteur. (bis)

Pour elles discret, habile,
Il réussit chaque jour ;
Le docteur est à la ville,
Le docteur est à la cour.
D’une cure difficile
Pour abréger la lenteur
Il ne faut que le docteur. (bis)

Le docteur qui règne en France
Est moins savant qu’on ne croit,
Il n’a pas grande science,
Pourtant il est maître en droit ;
Et c’est pour cela, je pense,
Que bien des femmes d’honneur
Ont du goût pour le docteur. (bis)

Le docteur flatte, intéresse
Les femmes dans tous les temps ;
Il gouverne avec adresse
Et leur esprit et leurs sens ;
On fait naître la tendresse
Dans un faible et jeune cœur
En lui montrant le docteur. (bis)

Docteur chéri d une belle,
Par lui près d’elle on peut tout ;
Mes amis, d’une cruelle
Voulez-vous venir à bout ?
Laissez dire la rebelle,
Et, bravant sa sombre humeur,
Faite-lui voir le docteur. (bis)

Maris ! qui de vos femmes
Voulez conserver le cœur,
Employez près de ces dames
Non les soupirs, la langueur ;
Pour commander à leurs âmes
Il n’est qu’un moyen vainqueur,
L’entremise du docteur. (bis)

Pour la paix de son ménage
Orgon se servait de lui ;
L’épouse fut douce et sage
Très longtemps ; mais aujourd’hui,
Elle crie, elle fait rage,
Et pourquoi ? C’est qu’au barbon
Le docteur a fait faux bond. (bis)

Vieilles, jeunes, laides, belles,
Toutes aiment le docteur,
Et toutes lui sont fidèles ;
Toutes ? Non ! c’est une erreur ;
On dit qu’il en est entre elles,
Dans la crainte de malheur,
Qui se passent de docteur. (bis)

Quoi qu’on dise et qu’on plaisante
Sur cet être séducteur,
Partout on offre, on présente,
On introduit le docteur ;
Il répond à notre attente
Et nous sert avec ardeur :
Tout se fait par le docteur. (bis)

Sexe aimable, fait pour plaire,
A qui j’offre mes couplets,
Si cet éloge sincère
Près de vous a du succès,
J’en demande le salaire ;
Belles, souffrez que l’auteur
Vous présente le docteur. (bis)

  • 1Voici une polissonnerie née de la pièce des Docteurs modernes ; quoiqu’elle roule sur une idée mille fois rebattue, elle plaît encore, surtout quand elle est chantée. Elle est sur l’air du vaudeville de Figaro. » (Mémoires secrets) — La parade des Docteurs modernes de Radet, Rosière et Barré, jouée aux Italiens à la fin de l’année 1784, avait transporté sur la scène la doctrine mesmériste, ses chefs et ses adhérents, pour les couvrir de ridicule. « L’intrigue de la pièce est peu de chose, remarquait Métra, mais les allusions, les épigrammes, la salle du baquet, les convulsions des magnétisés qu’on envoie dans la salle des crises, ont amusé le public. » (R)

Numéro
$1562


Année
1785




Références

Raunié, X,173-76 - Mémoires secrets, XXVIII, 69-72 - CSPL, t.XVII, p.369-71