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La noblesse de Sailly

La noblesse de Sailly1
Sailly, ce grand capitaine,
Cet appui de tous les États,
Ce cousin des potentats,
Issu des rois d’Aquitaine,
Sorti même d’empereurs,
C’est une chose certaine,
Sorti même d’empereurs
Il n’a pas besoin d’auteurs.

Cent quartiers et davantage
Des plus illustres maisons
Chez toutes les nations
Font voir en quel haut étage
Un descendant tel que lui
Issu d’un si grand lignage,
Un descendant tel que lui
Est respecté aujourd’hui.

Rhodes, vous eûtes par grâce
Dans les siècles reculés,
Le bonheur d’être illustrée
D’un grand maître de sa race,
Vos registres négligés
Ne lui donnent pas sa place.
De cette erreur rougissez ;
Chevillard les a corrigés2 .

Mais ces Sailly si antiques,
En pères tous adoptés,
Portaient pour arme un fretté
Selon auteurs authentiques,
Or et sable pour émaux ;
On l’apprend par les chroniques,
Or et sable pour émaux
Comme en font foi tous leurs sceaux.

Qu’il instruise donc la France
D’où lui vient ce beau lion,
Si quelque grande action
Ou quelque illustre alliance
A la place du fretté
Mit ce lion d’importance,
Qu’à la place du fretté
Lui et ses pères ont porté.


C’est en généalogie
Que craignant de trop oser,
Il ne s’est point imposé
Par sa grande modestie3


Étant aussi véritable
Que terrible aux ennemis,
Ce grand sauveur de pays4 ,
Ce héros si redoutable
De si grande qualité,
Devrait être connétable
Car sa grande antiquité
Lui doit cette dignité5 .

  • 1Pour répondre à ce qui se trouve imprimé dans le Mercure du mois de juin 1722, lorsque M. le marquis de Sailly fut fait gouverneur de Saint‑Venant. Il est mort en décembre 1725. (Clairambault)
  • 2Chevillard a écrit Sailly au lieu d’Ascali, d’origine italienne, dans les armes des grands maîtres qu’il a gravées. (M.) (R)
  • 3La fin de ce couplet manque dans les Recueils de Clairambault et de Maurepas. Nous n’avons pu réussir à trouver une seconde transcription de cette pièce dans les nombreux recueils manuscrits que nous avons consultés. (R)
  • 4C’est parce que l’on disait par dérision à la cour qu’il était le sauveur de Toulon. (M.) (R)
  • 5« M. le marquis de Sailly, dit le Mercure, dont les services sont assez connus, sert dès l’âge de douze ans, ayant suivi le feu roi à la guerre de Hollande alors page de sa grande écurie. Il a reçu onze blessures en différentes occasions, la première à la vue du roi, à l’attaque du chemin couvert et de la demi‑lune de Maestricht, la dernière au siège de Douai en l’année 1712, y commandant la tranchée. Il a commandé en plusieurs provinces et beaucoup de corps détachés ; entre autres en Provence, en l’an 1707, s’étant posté sur le Var, quoique avec fort peu de troupes, il y arrêta pendant quatre jours l’armée commandée par le duc de Savoie et le prince Eugène, et donna le temps par le retardement de leur marche aux troupes du roi d’arriver et se poster sous Toulon, ce qui contribua au salut de la Provence. Les seigneurs de Sailly ont dans tous les temps possédé des emplois considérables, plusieurs ont été gouverneurs de Péronne sous les rois Louis XI et Charles VIII. » Cette notice est précédée d’une généalogie de la maison de Sailly qui la fait remonter aux ducs d’Aquitaine et établit sa parenté au septième degré avec la plupart des maisons souveraines de l’Europe. (R)

Numéro
$0494


Année
1722




Références

Raunié, IV,129-32 - Clairambault, F.Fr.12698, p.210-12 - Maurepas, F.Fr.1231, p.17-19