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Conseils à la reine

Conseils à la reine1
Hâtez-vous, reine Marie2 ,
De contenter la de Prie
Qui met le sceptre dans vos mains :
N’allez pas lui chercher chicane
Comme fit une Parmesane
A la princesse des Ursins3 .

Laissez plutôt périr la France
Que Bourbon met dans l’indigence
Que de souffrir qu’il soit banni
Comme le fut Alberoni4 .

Ayez une haine immortelle
Pour Orléans et sa séquelle
Et nous donnez un beau poupon,
Qui, détruisant leur espérance,
Confirme par toute la France
Le ministère de Bourbon.

N’appréhendez pas que l’Espagne
Se soit unie à l’Allemagne
Pour se déclarer contre nous5 ,
Sans y chercher tant de finesses,
Bourbon fera tant de bassesses,
Qu’il désarmera son courroux.

 

 

 

  • 1Autre titre: Maximes
  • 2Gardez-vous, bien, Reine Marie / De mécontenter la de Prie (Arsenal 2966)
  • 3Anne‑Marie de la Trémouille, princesse des Ursins, avait été nommée camerera‑mayor de la reine d’Espagne, par Philipppe V qui devait en partie son trône à ses intrigues politiques. Toute‑puissante sur l’esprit de ce prince, elle le décida, lorsque Marie‑Louise de Savoie fut morte, à épouser Élisabeth Farnèse qu’on lui avait dépeinte « comme une bonne Parmesane nourrie de beurre et de fromage ». Elle comptait par là affermir son crédit ; mais la nouvelle reine qui avait préparé sa disgrâce avant d’avoir mis le pied en Espagne, l’exila brutalement aussitôt après la première entrevue qu’elles eurent ensemble. (R)
  • 4Jules Albéroni, cardinal et premier ministre d’Espagne (1664‑1752), avait été avec la princesse des Ursins le principal auteur de la fortune d’Élisabeth Farnèse. Pour satisfaire Philippe V qui élevait des prétentions à la couronne de France, et la reine désireuse d’assurer un trône à l’infant don Carlos, il engagea contre la quadruple alliance une lutte audacieuse qui se termina par un complet insuccès. L’exil fut la seule récompense de ses efforts et de son dévouement à ses maîtres. — Les deux conseils que l’on donne ici à la reine sont ironiques et habilement choisis pour lui indiquer la conduite qu’elle devait tenir. (R)
  • 5Philippe V et la reine d’Espagne avaient témoigné un profond mécontentement de la conduite de M. le Duc, et répondu tout aussitôt par le renvoi de la princesse de Beaujolais, promise en mariage à don Carlos, et de Mlle de Montpensier, veuve de Louis Ier. Mais on redoutait des complications plus graves. « On a été surpris, écrivait Marais, au mois de mai, d’apprendre que l’Empereur et le roid’Espagne ont fini entre eux deux, sans tant de façons, toutes les contestations du congrès de Cambrai, et réglé tous leurs différends… Les politiques raisonnent : Est‑ce la guerre ? Est‑ce la paix ? et ils n’y voient goutte. Cependant on fait avancer des troupes de tous côtés en Languedoc et sur les frontières de la Catalogne, de l’Espagne, et de la Savoie pour être prêt en cas de rupture. » (R)

Numéro
$0602


Année
1725




Références

Raunié, V, 51-53 - 1732/1735, III, 26-27 - 1752, III, 27-28 - Clairambault, F.Fr.12699, p.240-41 et p.247-48 Maurepas, F.Fr.12631, p.277 - -F.Fr.10285 (Barbier), f°367 -  F.Fr.15018, p.169 - Arsenal 2937, f°371r - Arsenal 2966, p.4-6 - Arsenal 2975, p.43-44 - Arsenal 3128, f°175v-176r - Arsenal 3133, p.51 -  Arsenal 4844, f° 233 - Mazarine, MS 4035, Pièce 23 - Lille BM, MS 66, p.227-28 - Marais, II, 871-72