Aller au contenu principal

Le Godemiché royal

Le Godemiché royal1

Entretien entre Junon et Hébée2

Junon, seule, les jupes retroussées, se patinant la motte.

Admirable partie d’un con trop méprisé,

Soutien officieux d’un poil noir et frisé,

Motte autrefois charmante aux yeux de mon parjure,

Hélas ! soyez sensible à ma dernière injure :

Le bougre porte ailleurs un encens qui m’est dû ;

Son vit est mou pour moi et bande pour un cul.

0 rage ! ô désespoir ! chère motte ma mie,

Du membre de Jupin2 vous n’êtes plus chérie,

Oisivement placée au bas de mon nombril,

Vous n’avez pour espoir qu’un insensible outil.

(Elle tire un godmiché de son sac à ouvrage.)

Ombre faible d’un vit, mais pourtant salutaire,

Heureuse invention qu’on doit au monastère,

A mon con enflammé vous plaisez à bon droit,

Encore valez-vous mieux que le bout de mon doigt.

(Elle se branle.)

Mais quoi ! quand Jupiter encule Ganimède,

Junon serait réduite à ce triste remède !

Quoi ! quand de mon époux les perfides couillons

Dont je jeûne souvent, élancent le bouillon

Dans des endroits secrets dont rougit la nature,

Je me contenterais de la simple figure !

Non ; on verra plutôt un carme repentant,

Aller, le vit baissé, prêcher dans un couvent ;

Il est temps qu’à la fin je venge cet outrage,

S’il est vrai que tout cul de Jupin soit le gage.

Tous les vits désormais pourront foutre Junon,

Et je veux me servir de mon illustre con.

Chère Hébée ; paraissez.

Hébée

                                    A vos ordres soumise,

Grande reine, excusez si je viens en chemise ;

Mais dans votre antichambre, exerçant mon talent,

Hercule me foutait, Madame, en attendant.

Junon, bas

A foutre à tout venant elle passe la vie ;

Que son sort est heureux ! que je lui porte envie !

Ah ! que n’ai-je à présent le vit d’un bon fouteur !

Qu’avec lui, dans ce lieu, je foutrais de bon cœur !

Hébée

Où tendent ces regards, ce funeste silence ?

De ces tristes soupirs que faut-il que je pense ?

Si j’ose librement m’expliquer en ces lieux,

Vous déchargez, Madame, et vous foutez des mieux ;

Mais pourquoi ces poignards ? quelque foutu jocrisse

Vous aurait-il enfin foutu la chaude-pisse ?

Non, pour un tel affront votre con n’est pas fait ;

Voyons ces fers.

Junon

                       Prenez.

Hébée

                                Quoi !

Junon, riant.

                                            C’est un godmiché.

Hébée

0 Dieux ! quel instrument ! ma foi je suis ravie

De vous voir peloter en attendant partie.

(Elles chantent un duo sur l’air : Votre cœur aimable bergère.)

Dans la nature tout engaîne,

Dans les eaux foutent les poissons,

La chèvre s’accouple dans la plaine,

Et dans les airs les moucherons :

Foutons, foutons à perdre haleine,

Tous les vits sont faits pour les cons.

Junon

Que ne puis-je, en effet, savourer à loisir

Ce que peut un long vit procurer de plaisir !

De mon con enflammé les nymphes desséchées

Sur les bords du vagin sont tristement penchées ;

Hélas ! il faudrait bien que le vit d’un fouteur

Vînt, en les arrosant, leur rendre leur vigueur.

Telle, on voit une rose, au milieu d’un parterre,

S’entrouvrir, se fermer et tomber sur la terre,

Ou plutôt telle on voit, sur un sable mouvant,

Une huître hors de la mer bâiller au premier vent.

Hébée

Quel étrange discours ! mon âme en est émue ;

Quoi ! vous régnez, Madame, et n’êtes point foutue !

Je méprise le trône et tous ses vains honneurs ;

Un vit vaut seul un sceptre : au diable les faveurs,

Et tout ce que le sort aveuglément nous donne,

Deux couillons valent mieux qu’une illustre couronne.

Junon

Hélas ! ma chère Hébée, tel est mon sentiment !

Mais tu sais que l’on doit quelque chose à son rang ;

Tu sais qu’une princesse, aux malheurs destinée,

Ne peut, comme elle veut, régler son hyménée ;

Que j’aime tes conseils, et qu’ils flattent mon cœur !

Le dessein en est pris, foutons avec ardeur.

Hébée

Enfin, à mes désirs vous voilà donc rendue,

Dites un mot, Madame, et vous voilà foutue,

Ou bien, en un instant formez vingt bataillons

De trente mille vits armés de beaux couillons ;

A votre illustre con donnez ample carrière ;

Donnez-moi le signal d’abord, j’ai votre affaire :

Priape au vit carré, Pan au vit de Triton,

Silène au vit perçant et plus vif qu’un poisson,

Et mille autres engins faits à la cordelière,

De foutre imbiberont votre illustre derrière :

Madame, quel plaisir dans votre con heureux,

De ressentir des coups de vits si vigoureux !

Secondez de vos coups cette vigueur active ;

Contentez, s’il se peut, votre humeur foutative ;

Mais si, par un hasard qu’on ne peut soupçonner,

Vous vous lassiez enfin de vous faire enfiler,

Alors usant des droits qu’on accorde aux actrices,

Je m’offre à le branler entre les deux coulisses.

Junon

Va, vole, chère Hébée, rassemble tes amis,

Range autour de mon con un bataillon de vits ;

A foutre tu verras que mon adresse excelle ;

Hébée, choisis bien, et prouve-moi ton zèle ;

Qu’un extérieur flatteur ne frappe point tes sens,

Souvent un beau dehors cache un mauvais dedans :

Ne m’amène donc pas de ces foutus viédases3

Que la vue d’un con fait rester en extase,

Et qui pouvant à peine, au fort de leurs désirs,

Effleurer faiblement le centre des plaisirs,

S’amusent, comme on dit, toujours à la moutarde :

Garde-toi d’amener cette race bâtarde,

Ces blonds colifichets, ces marquis charlatans,

Qui prennent à se mirer la moitié de leur temps,

Ces atomes brillants, qu’on nomme petits-maîtres ;

S’agit-il d’avancer, ce sont autant de traîtres :

D’abord leurs vits ont l’air d’être forts et vaillants ;

Mais sitôt le bougre décharge et fout le camp :

Je ne veux point non plus de ces blêmes poètes ;

Du langage des cieux enflammés interprètes,

Par trop accoutumés au jeu de cinq contre un,

Lorsqu’ils voient un con, leur poignard importun,

Secondant aussitôt leur verve fantastique,

Leur donne, en dépit d’eux, l’onction jésuitique :

Je ne veux point non plus de ces vits boursouflés,

Sans désirs, sans plaisirs, superbement gonflés ;

Car ils agitent en vain leur priapique enflure,

Et n’ont dans les couillons ni foutre ni luxure :

Mais, pour le dire enfin, et pour parler raison,

Autant vaudrait se mettre du poison dans le con.

Pour calmer, chère Hébée, les ardeurs de mon con,

Ce n’est pas ce qu’il faut pour contenter Junon ;

Mais je veux de ces vits, dont la bonne encolure,

Ne connaît en foutant ni repos ni mesure ;

De ces vits amusants dont le gland chatouilleux

Puisse arroser d’un coup mes fibres amoureux,

Et de ces vits, enfin, qui, fiers à l’escalade,

Me contraignent aussitôt de battre la chamade.

Hébée

Reposez-vous sur moi, je sais bien comme on fout,

Madame, vous serez servie à votre goût ;

Je fais ici serment, quelle que soit mon envie,

De ne jamais branler, ni foutre de ma vie,

Si le moindre des vits que je veux vous donner

Ne vous fait décharger vingt fois sans déconner.

Junon

C’est promettre beaucoup.

Hébée

                                           Des vits de ces lurons

Le plus court porte au moins quinze pouces de long.

Junon

C’est comme je les veux. Et de circonférence ?

Hébée

Huit pouces pour le moins, si j’en crois l’apparence.

Junon, après avoir un peu rêvé

Quinze pouces de long ! huit de circonférence !

Ah ! mon con en décharge aussitôt que j’y pense ;

Qu’ils viennent donc ici, qu’ils inondent mon con !

Hébée, tu leur diras que la tendre Junon,

Puisqu’il faut la nommer, est plus chaude que braise ;

Que j’ai le cul léger, je ne me sens pas d’aise !

Mais tous sont-ils, enfin, de robustes fouteurs,

Hébée, puis-je t’en croire ? Excuse mes frayeurs,

Ah ! si leurs vits, peu faits à pousser la décharge,

En entrant dans mon con, quoique vaste et fort large,

En sortaient aussitôt… Non, non, tu t’y connais,

Et ta flamme amoureuse ne me trompa jamais ;

Qu’ils viennent, c’en est fait, je vais foutre sans bornes,

Je vais à mon époux planter cornes sur cornes ;

Le jean-foutre aujourd’hui va sentir à son tour

La vengeance qu’inspirent et la rage et l’amour :

Qu’ils paraissent soudain, ma motte bien lavée,

Ma chemise et mes jupes hautement retroussées,

Et le foutre coulant de mon con à plein seau,

Sera cru des mortels un déluge nouveau. (Hébée sort.)

Junon, seule

Inutiles frayeurs ! qu’enfante l’ignorance,

Que nourrit la faiblesse et soutient l’imprudence !

Trop scrupuleux remords ! au sein des doux plaisirs

Ne venez pas troubler l’ardeur de mes désirs ;

Répandez sur le sort votre poison funeste,

Mon con parle, il suffit, que m’importe le reste ?

Ces mouvements lascifs en mon con excités,

Voilà mon seul oracle, il doit être écouté ;

Foutre de la vertu, ce n’est qu’une chimère,

Un con bien amoureux peut foutre avec son père :

Délicieux enfants, veuillez branler Junon,

Moteurs voluptueux et du vit et du con,

Vous qui savez si bien le chatouilleux usage,

De faire en un clin d’œil sauter un pucelage,

Plaisirs, fils de Vénus, quittez votre séjour,

Venez pour mon bonheur présider à ma cour.

(Une troupe de Plaisirs de différents sexes, nus,

entrent sur la scène, et exécutent une danse voluptueuse.)

A voir ces vits sautants et ces mottes dansantes,

Dont un naissant duvet couvre les fleurs naissantes,

Je trouve dans mon con l’agréable fureur

Du plaisir qui m’échauffe et me fout jusqu’au cœur.

  • 1Avis de l’Éditeur

    Fatigué des patrouilles et des factions que j’avais faites, et me trouvant, à trois heures du matin, sur la terrasse des Tuileries, ne voyant et n’entendant personne, la frayeur s’empara de moi, et je me cachai aussi bien que je pus dans ma guérite. Le sommeil vint me tranquilliser ; mais ce ne fut pas pour longtemps. J’entendis une voix qui me dit bien distinctement : Pourquoi portes-tu un habit que ton courage ne te permet pas d’avoir, au lieu de rester dans ta boutique à faire vivre ta femme et tes enfants ? Prends ce manuscrit : va l’imprimer et le distribuer dans toutes les villes, et pense que si, sous vingt-quatre heures, le public n’est point instruit des faits contenus dans ce cahier, et que tu aies encore l’uniforme sur le corps, tu seras pendu : la peur qui m’avait endormi me fit tomber le nez contre terre ; j’appelai au secours, personne ne vint ; comme il pleuvait à verse, je me relevai pour me mettre à l’abri. Quelle fut ma surprise de trouver le manuscrit que je m’empresse de vous faire passer, de crainte d’être pendu ! Je vous engage, mes chers citoyens, à quitter vos uniformes, si vous n’avez pas plus de courage que moi : si vous contestez la validité de ce manuscrit je ne pourrai pas vous en donner des preuves ; vous savez comment il m’a été remis, je m’en lave les mains. AMEN

  • 2Hébée (habituellement écrit Hébé) : la déesse de la jeunesse qui était chargée de verser le nectar à la table de Jupiter. Dans ce texte, Junon désigne Marie-Antoinette, Hébé Mme de Lamballe ou bien Mme de Polignac (M.).

Numéro
$6059


Année
1789




Références

Enfer de la Bibliothèque Nationale, Chantal Thomas, La Reine scélérate, p.175-183